Les fanfics de la Gillian Community
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 ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤

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JeN.
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MessageSujet: ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤   ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤ EmptyMar 1 Aoû - 3:29

Auteur: JeN.
Date: 12 mars 2006 à... "oeuvre inachevée" ^.^
Avertissement: Il vaut mieux lire Les Yeux Fermés d'abord, mais... y voir un sens... Rolling Eyes
Résumé: C'est la suite plus ou moins directe de Les Yeux Fermés. Scully est toujours à l'hopitâl suite à cette expérience douloureuse, et... Univers un peu spécial.
Spoilers: Aucun.
Disclaimer: Mulder et Scully appartiennent à la Fox, les autres persos, ce sont les miens ! Twisted Evil Ah oui, le titre appartient à M.Levy, aussi...

¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤


Genèse

Le noir illuminait le long couloir blanc, aussi blanc que les blouses d’infirmiers qui animaient encore l’endroit à cette heure tardive de la nuit. Le silence, bercé par des murmures à moitié étouffés, avait quelque chose de rassurant. À vivre dans un endroit pareil, il était devenu le plus fidèle compagnon de bon nombre de patients. Celui qui vous attire, qui vous guide, et qui vous susurre que les mots sont bien peu de choses. Ce que vous ressentez ici n’est traduisible par aucune parole, aucun son. Alors, vous vous laissez peu à peu gagner par ce silence constant. Vous en faites votre ami, votre allié. Au détour d’un couloir, lentement, une chute. C’était trop tard. Le gobelet brûlant de café noir gisait au sol.

- Tu pourrais faire attention !
- Je suis désolé…

Robuste et frêle à la fois, l’infirmier brun baissa la tête. Il avait voulu aller trop vite, une fois de plus. Ralentissant le pas, il rejoignit un bureau, et, après s’être servi une énième tasse de café, il s’installa et plongea sa tête dans d’innombrables rapports. Une heure. Deux heures. Les aiguilles de la montre semblaient s’affoler : le temps passait à une allure folle. Une main sur son épaule : il sursauta. C’est en se retournant qu’il découvrit un visage familier qui lui paraissait pourtant, par moment, si étranger. Ce vieil homme au visage marqué par les années lui inspirait un profond respect. Il approcha son visage de son oreille et lui murmura quelques paroles. L’infirmier entrouvrit la bouche et tourna son regard vers la montre suspendue au mur. Fronçant les sourcils, il chercha ensuite le vieil homme des yeux : il avait disparu. C’était déjà l’heure. L’œil scintillant, il se releva, classa ses rapports, jeta rapidement son gobelet à la poubelle et quitta la pièce. Le couloir. Blanc. Et ses portes. Blanches. Toutes semblables. Et pourtant… Cette chambre, il la connaissait. Il poussa lentement la porte et son visage s’illumina. Déchirant la pénombre, ses cheveux flamboyants envahissaient son doux visage. D’un geste tendre, il dégagea quelques mèches pour découvrir ses paupières closes. Ses lèvres déposèrent sur son front un baiser aérien. Elle se retourna et gémit, encore profondément endormie. Il n’était déjà plus là.



Premier Jour

Un long couloir s’offrait à elle. Le pas rapide et nerveux, elle gravit les premières marches qui la menèrent jusqu’à un deuxième couloir, tout aussi long. Le regard perdu, elle s’avança, incertaine, vers une porte qui portait les inscriptions dorées : Mr C. McPhee. Hésitante, elle frappa. Ce fut une voix grave et douce à la fois qui lui répondit. Le bureau, immense, offrait tout le confort nécessaire. Jamais elle n’en avait vu de tels auparavant. Rêveuse, son regard se posa sur le bureau, où elle aperçut celui qui devait être Mr McPhee. Mais il n’était pas seul :un grand homme brun à l’allure robuste lui faisait face.

- Asseyez-vous, Miss Barth, dit-il en lui indiquant la chaise libre.

Un regard, un premier contact. L’homme à ses côtés avait un visage doux, mais ses traits sévères donnait une impression globale de froideur. Ce qui la surprit avant tout, ce fut ses yeux. Brillants. Scintillants. On ne voyait qu’eux. Elle ne voyait qu’eux.

- Bien, toussota Mr McPhee. Miss Barth, je vous présente votre nouveau collègue, Mr Sullivan.

Un simple geste de la tête suffit à achever les présentations.

- Vous faites partie de nos meilleures agents, je ne vous le cache pas.

Il marqua une pause avant de poursuivre.

- La mission que je vous confie aujourd’hui est assez différente de celles que vous avez l’habitude de mener.

Ouvrant un tiroir, il en sortit deux billets d’avion qu’il déposa sur le bureau.

- Vos billets pour le vol vers Prague, demain, à la première heure. C’est là-bas qu’un tableau est gardé. Un tableau que je vous demande de ramener ici, à Londres, là où il doit être.

Mr Sullivan fronça les sourcils.

- Sauf votre respect, monsieur… tout ça pour un tableau ? Je veux dire, on m’a retiré une affaire sans raison apparente, une affaire qui me tenait à cœur, et on me réveille ensuite en pleine nuit, pour une mission soi-disant urgente, en m’ordonnant de prendre le premier vol en direction de Londres… Pour un tableau ? demanda-t-il effrontément.

Miss Barth releva un sourcil et regarda avec étonnement son nouveau collègue. Ne relevant pas cette remarque, Mr McPhee toussota avant de reprendre :

- Connu seulement sous le nom de Lawrence, un jeune prodige londonien a peint un jour ce tableau. Une copie quasi identique de « Amour éternel » du peintre polonais Siudmak, afin de rendre hommage à son artiste favori. Mort tragiquement, son souhait le plus cher était de voir ce tableau rester dans cette ville. Tout a été mis en œuvre pour cela, vous vous en doutez bien. Une seule ombre au tableau : Prague. Prague garde ce tableau enfermé dans une salle inaccessible d’un musée, privé des yeux de tous, au nom d’une superstition des plus douteuses.
- Quelle est cette superstition? questionna Miss Barth, soudainement intéressée.
- La vue de ce tableau est dite mortelle, répondit solennellement Mr McPhee en allumant un cigare.

Un silence pesant s’installa dans la pièce.

- Je refuse de jouer à ce petit jeu stupide, lança Mr Sullivan en secouant la tête.
- À ce que je sais, jeune homme, vous n’avez pas le choix, répondit-il alors qu’un nuage de fumée s’échappait de sa bouche. Vous en saurez plus une fois sur place.

Replaçant une mèche de ses cheveux roux derrière son oreille, Miss Barth s’empara des deux billets et de la chemise que Mr McPhee lui tendait.

- Vous trouverez toutes les informations nécessaires dans cette chemise. Je vous prie de me tenir au courant de l’avancée de cette mission.

La porte claqua : Mr Sullivan était déjà sorti.

- Bon courage, glissa le vieil homme à la jeune femme avant qu’elle ne quitte la pièce. Il n’a pas l’air très commode.

Elle sourit faiblement et releva les sourcils en signe d’agacement, avant de refermer la porte derrière elle. Mr Sullivan l’attendait dans le couloir, adossé au mur, ses mains cachant son visage fatigué.

- Je trouve ce comportement d’une effronterie incroyable ! lui lança-t-elle froidement.

Découvrant son visage, il afficha des yeux ronds, en signe d’incompréhension.

- Vous n’allez pas me dire que vous allez accepter une mission pareille ?
- Et qu’a-t-elle de si extraordinaire ?
- Un tableau qui tue, Miss Barth… Je veux dire, c’est absurde.
- Là n’est pas la question. Notre mission est simplement de le ramener, on ne vous demande pas de croire à cette superstition, dit-elle en levant les yeux au ciel.
- De toute façon, je n’ai pas le choix. Il va bien falloir que je la remplisse, cette « mission ».
- Nous sommes deux, je me permet de vous le rappeler.
- Oui. Bien sûr, murmura-t-il, le regard vide. Je passe vous prendre demain, tâchez d’être prête.
- Je le serai, affirma-t-elle en lui tendant un bout de papier où ses coordonnées étaient inscrites.
Nerveusement, il lui prit des mains, avant de quitter l’endroit sans même lui adresser un regard.


**********


La porte s’ouvrit sur un appartement vaste et sobre. Les grandes fenêtres permettaient à la lumière d’envahir le moindre recoin de chaque pièce. Une lumière d’une blancheur éclatante, presque rafraîchissante. Elle aimait ce lieu par dessus tout. En particulier sa bibliothèque : elle y passait des journées entières à lire tous ces auteurs anglais qu’elle affectionnait tant et qui avaient fait d’elle la femme qu’elle était aujourd’hui. Elle avait même aménagé dans cette pièce un petit bureau où elle s’essayait elle-même à l’écriture. Laisser ses pensées couler au grès de sa plume. Cette activité avait quelque chose de relaxant. Parlant peu, l’écriture lui permettait de se libérer. Mais aujourd’hui, sa nervosité était à son comble. Négligemment, elle jeta ses clés de voiture sur la table basse du salon et se dirigea vers sa chambre où elle entama la préparation de sa valise, avec assez d’affaires pour tenir une semaine loin de chez elle. Elle fit ensuite couler un bain moussant à souhait, allumant autour d’elle quelques bougies aux senteurs agréables et relaxantes. La semaine allait être dure. Elle ne connaissait pas cet homme, mais en quelques minutes il avait réussi à l’agacer au plus haut point. Ce n’était que pour quelques jours, elle se promit de ne pas commettre de meurtre.

Des murs aux couleurs froides accueillirent Mr Sullivan lorsqu’il franchit le pas de la porte. Au diable la préparation des valises. C’est avec empressement qu’il remplit la sienne avec le strict minimum. Il se dirigea ensuite vers sa salle de bain, la plus grande pièce de l’appartement après le salon. Retirant sa chemise, il s’observa dans la glace. Le reflet que le miroir lui rendit était celui d’un homme fatigué, las de tout. Plus rien ne le surprenait. Ce qui, en soi, était un véritable drame. Un malin sourire se dessina sur ses lèvres.


**********


Un bip. Sonore. Affolant. Qui n’en finissait pas de se faire entendre. Des perfusions. Les murs blancs. Ses cheveux roux. Dans le coma. C’est dans cet état qu’on avait retrouvé Dana Scully. Un infirmier à côté d’elle, la regardant, ne la quittant pas de ses yeux scintillants. On lui avait annoncé sa sortie future, et, sans raison, cette nuit-là…


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MessageSujet: Re: ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤   ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤ EmptyMar 1 Aoû - 3:35

Deuxième Jour

La sonnerie retentit, elle se leva rapidement, agacée : cela faisait déjà un bon quart d’heure qu’elle l’attendait.

- « Tâchez d’être prête », je le retiendrai pour la prochaine fois, dit-elle en refermant la porte derrière elle.
- Les embouteillages, vous connaissez ?
- Le téléphone, pour prévenir, vous connaissez ?
- C’est bon, on y va, dit-il en lui prenant sa valise des mains.

Ils dévalèrent les marches à toute vitesse pour finir leur course dans la voiture de service gris métallisé. L’avion partait à 6h24 : la montre de Miss Barth indiquait 6h16.

- On peut le faire, vous croyez ?
- On va le faire.

Levant les yeux, ce qui s’annonçait devant elle la désolait : une file immense de voitures. Une minute, puis une autre. Le son mécanique de sa montre ne faisait qu’accélérer les battements de son cœur. Brusquement, la voiture bifurqua pour s’engouffrer dans une petite ruelle déserte, à toute vitesse.

- Vous êtes fou ?
- Vous avez envie de rater cet avion ?
- Ca vous arrangerait bien, pourtant.
- C’est vrai. Mais j’ai besoin de ce travail.

6h20. Ils quittèrent la voiture de service pour pénétrer dans l’immense hall de l’aéroport londonien. Bousculant un bon nombre de passagers sur leur chemin, ce ne fut qu’une fois installés à l’intérieur de l’appareil qu’ils reprirent leur souffle. Pas un regard, pas un mot échangés. Le vrombissement de l’appareil, les murmures des passagers… Bercés par leur souffle, ils finirent par se laisser emporter par le sommeil.


**********


Une douce et aérienne voix vint les réveiller pour leur annoncer leur arrivée à Prague. Prague. De la magie à l’état pur. Un monde étonnant, cherchant chaque jour mille et unes nouvelles ruses pour vous étonner et vous éblouir encore plus. Les yeux remplis d’étoiles. C’est comme cela que l’on visitait Prague. Miss Barth en savait quelque chose, cette ville, après Londres, c’était celle de son cœur. Mais l’heure n’était pas à la rêverie. Un taxi les déposa devant leur hôtel. Une immense bâtisse se dessinait dans le ciel praguois. Sans bruit, ils se retrouvèrent dans le hall d’entrée, où on leur indiqua leurs chambres. Plus grandes et plus chaleureuses que toutes les autres chambres de motel miteux qu’ils avaient pu connaître auparavant. L’ambiance de la ville imbibait chaque recoin de pièce, une simple table de chevet paraissait plus belle qu’à l’accoutumée, juste de par le fait qu’elle se trouvait dans la chambre d’un hôtel praguois. Mr Sullivan jeta ses grands yeux verts à travers la fenêtre de la pièce. Son regard se perdit au loin, presque gêné par tant de beauté et de magie. Il aperçut alors une foule de gens qui se pressaient devant l’hôtel de ville. Miss Barth frappa avant d’entrer par la porte communicante et le rejoignit à la fenêtre, le tirant de sa rêverie.

- Par quoi on commence ?
- Une visite de la ville, ça vous dit ? Les musées sont fermés, aujourd’hui.

Pour la première fois, elle lui sourit. Un sourire chaleureux, à l’image de l’ambiance qui régnait. Emmitouflés dans leur veste, ils se dirigèrent vers l’hôtel de ville.

- J’aimerais bien savoir ce qui s’y passe, souffla Mr Sullivan.
- J’ai un léger doute. Vous entendez les cloches ? Dépêchez-vous ! dit-elle en le prenant par le bras.

Ils arrivèrent enfin devant le bâtiment. Elle l’entraîna alors du côté Sud de l’hôtel, puis, levant un bras au ciel :

- Vous avez vu, c’est l’horloge astronomique, tout le monde vient la voir s’animer.

Il découvrit alors une immense horloge, les Douze Apôtres défilant au-dessus du cadrant du haut: ils servaient ainsi à lire l'heure. Dans sa partie haute, on distinguait quatre allégories. Par exemple, le miroir, représentant la vanité, ou la mort, représentée par un squelette agitant une clochette. Plongeant tous les deux dans l'étude de ce chef d'oeuvre, ils n'entendaient même plus les éclats de voix des touristes qui s'agitaient autour, en tous sens, tout en bombardant l'édifice de multiples flashs.

- C’est… impressionnant, murmura-t-il, les yeux plus scintillants qu’à l’accoutumée.
- On raconte qu’on a crevé les yeux à l’horloger qui a vu naître de ses mains cette merveille, pour l’empêcher de la reproduire ailleurs. Ce n’est qu’une légende…
- Vous y croyez ?

Elle ne répondit pas, se contentant de sourire.
Le reste de l’après-midi se passa à travers les rues de la ville, entre enchantement et sourires échangés. L’heure du retour venait de sonner. Miss Barth s’enferma dans sa salle de bain tandis que Mr Sullivan se détendit quelques minutes, allongé sur son spacieux lit. Elle rejoignit quelques instants plus tard, d’immenses dossiers dans les bras.


- Je crois qu’il va falloir s’y mettre, dit-elle en laissant tomber son paquet sur le lit. J’ai déjà pu le feuilleter.
- Et ? dit-il dans un bâillement.
- Les seules informations dont nous disposons, ce sont les circonstances de la mort de Lawrence, et l’adresse du musée dans lequel son tableau est gardé à l’abris des regards.

À la lecture du rapport, Mr Sullivan poussa un profond soupir en le laissant retomber sur le lit.

- L’exposition où son tableau devait être dévoilé. On le découvre, il est heureux. Puis il s’en approche, il est comme hypnotisé par lui. Il s’effondre sur place, visage au sol. En découvrant son corps sans vie, on constate que ses yeux ont brûlé, et son cœur, aussi… C’est une histoire à dormir debout, souffla-t-il à l’intention de sa collègue.
- Ecoutez, ce sont les seules informations dont nous disposons pour le moment.
- Vous appelez ça des informations, vous ? Ce sont des contes pour enfants, oui ! Mais je suis désolé, j’ai passé l’âge ! dit-il en se relevant et en s’approchant de la fenêtre.
- Comment voulez-vous que nous parvenions à travailler ensemble si vous vous montrez aussi borné et têtu ?

Elle le rejoignit en se levant elle aussi, le forçant à lui faire face.

- C’est quoi, votre problème ? Nous n’avons aucune preuve de ce qui est avancé, pour le moment. Nous avons une mission à accomplir, on ne vous demande pas de faire de sentiments, alors vous allez être gentil et vous calmer un peu.

Il planta alors ses yeux dans les siens. Un regard noir de colère.

- Je vais téléphoner à la morgue et demander un rapport d’autopsie. Bonne nuit, Miss Barth, dit-il en lui désignant la porte des yeux.
- Bonne nuit, répondit-elle d’un ton glacé, sans se retourner.

Derrière la porte, elle inspira profondément, et, renonçant à chercher à comprendre ses réactions qu’elle jugeait puériles, elle se glissa au milieu de ses couvertures, essayant de se convaincre que le jour suivant serait plus agréable. Seule, au milieu de cette grande nuit.


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MessageSujet: Re: ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤   ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤ EmptyMar 1 Aoû - 3:44

Troisième Jour


Lentement, elle releva une paupière qu’elle referma aussitôt : l’envie de se mettre au travail n’était pas au rendez-vous. Mais la pile de dossiers étalée au sol lui intima de se lever, ce qu’elle fit quelques minutes plus tard. Après une rapide toilette, elle descendit à la réception où on lui remit le rapport d’autopsie de Lawrence qu’elle avait demandé. C’est en retenant son souffle qu’elle frappa à la porte de son collègue : quel sort allait-il encore lui réserver aujourd’hui ? Une brosse à dents dans une main, une serviette dans l’autre, il lui ouvrit et lui fit signe d’entrer, presque souriant. Elle lui tendit alors le rapport, et, sans même lui adresser un regard :

- Le rapport d’autopsie. J’attends vos explications médicales.

Posant le dossier sur le bureau, il lui tendit une tasse.

- Bonjour, Miss Barth, un peu de café ?
- Non. Merci. Dites-moi, vous êtes de bien bonne humeur aujourd’hui, dit-elle en s’asseyant sur le lit.
- Mais, c’est la joie de travailler avec vous et de mener à terme cette mission, qui, pour l’instant, s’annonce des plus passionnantes, répondit-il, un sourire au coin des lèvres.
- Que j’aime votre humour, souffla-t-elle en levant les yeux au ciel.

Ensemble, ils feuilletèrent le rapport. Silencieux, Mr Sullivan entrouvrit la bouche lorsqu’il découvrit les photos du corps de Lawrence. La plus frappante était bien sûr celle de son visage. Un visage d’une blancheur incroyable, des cheveux noirs, mi longs, qui se perdaient sur ses joues pâles comme la neige. Mais, ses yeux. Ses yeux, du moins, le creux de ses yeux, noirs comme l’ébène. Brûlés. Par la vision du tableau ? De ses yeux l’on pouvait encore voir la naissance d’une course effectuée par ses larmes de sang, ce lacet rouge qui se perdait vers… plus rien. La deuxième photo représentait le torse du peintre, et sa poitrine également brûlée. Son cœur s’était consumé. Mais pourquoi ? Comment ? Le rapport n’apportait que très peu de réponses. L’on pouvait juste constater les dégâts et les circonstances du drame, rien de plus. La cause de cette mort surprenante était totalement inconnue. Poussant un profond soupir, Mr Sullivan se releva.

- Ca vous dit, une petite visite à la morgue ?
- Charmant programme, mais je suis d’accord. Ce rapport est bien maigre en matière d’informations, dit-elle en récupérant sa veste.


**********


Poussant la porte, ils pénétrèrent tout deux dans le bâtiment de la morgue, qui semblait vide, jusqu’à ce qu’ils croisent un homme d’une trentaine d’année en blouse blanche.

- S’il vous plaît ! l’interpella Miss Barth.
- Je peux vous aider ? dit-il en se retournant.
- Nous aimerions savoir quel est le médecin qui s’est occupé du corps de Lawrence, le jeune peintre récemment décédé, interrogea Mr Sullivan.
- Qui êtes-vous ?
- Les autorités britanniques nous ont confié une mission, et rencontrer ce médecin nous serait d’une aide précieuse.
- Suivez-moi, il ne doit pas être bien loin.

De couloir en couloir, l’espoir de rencontrer ce fameux médecin s’amincissait. Mr Sullivan perdait patience : cette mission l’agaçait au plus haut point, et rien dans cette histoire ne tenait debout, ce qui n’arrangeait rien à son envie d’abandonner cette affaire le plus rapidement possible. Miss Barth, quant à elle, était fascinée par cette histoire, mais elle n’aurait su en donner à quiconque la véritable raison. Une silhouette se dessina au bout d’un énième couloir. Cette morgue était décidément anormalement grande, pensa Mr Sullivan. Ils approchèrent enfin du fameux médecin.

- Miss Barth, Mr Sullivan. Excusez-nous de vous déranger, nous aurions quelques question à vous poser, docteur… ?
- Docteur Bahca, répondit-il d’un ton posé.

Le crâne chauve et large, son imposante silhouette imposait un profond respect. Lorsqu’elle croisa son regard, Miss Barth eu une impression étrange. Elle connaissait cet homme, il n’y avait pas de doute. Plus elle fronçait sourcils pour distinguer davantage son visage, plus les traits de cet homme lui paraissaient flous. Elle croyait voir ce qui n’était peut-être pas. Peut-être… Se sentant mal à l’aise, elle s’excusa et s’éloigna des deux hommes.

- Venez, je vais vous montrer.

Le docteur Bahca invita Mr Sullivan à le suivre à l’intérieur d’une pièce. Découvrant un drap blanc, le choc fut entier : voir ce visage en photo était une chose, le voir réellement en était une autre, bien différente. Il tourna le visage, aveuglé par cette blancheur éclatante et fit signe au médecin de cacher à nouveau cette vision troublante. Ils sortirent et Mr Sullivan rejoignit sa partenaire. Avant de quitter les lieux, elle croisa à nouveau le regard de ce médecin. Son sourire. Son sourire lui réchauffa le cœur. L’âme apaisée. Il avait apparemment réussit à effacer certains tourments dont elle n’avait même pas conscience. Peut-être que… Se sentant soulagée d’un poids jusqu’alors inconnu, elle fut, paradoxalement, prise de violents maux de tête.
Mr Sullivan prit le volant, et rapporta les informations qu’il avait obtenu du médecin, c’est à dire rien de plus qu’il y a quelques heures.


- J’ai pris la liberté de prendre rendez-vous avec le directeur du musée qui garde ce tableau caché. Peut-être aurons-nous l’occasion d’en savoir un peu plus et de négocier avec lui afin de récupérer ce fichu tableau.

Le silence.

- Miss Barth, vous allez bien ?
- Oui. Oui, bien sûr. Allons au musée, dit-elle, l’esprit apparemment ailleurs.

En réalité, elle cherchait vainement qui pouvait bien être cet homme. Elle était persuadée de le connaître, mais il lui était impossible d’en savoir davantage. Elle fouillait chaque recoin de sa mémoire qui lui échappait toujours un peu plus. Elle décida finalement d’abandonner cette quête insensée, ne gardant en elle que le bien-être inexpliqué provoqué par cette rencontre.


**********


Lorsqu’ils pénétrèrent dans l’enceinte du musée, ils furent étonnés par le masse impressionnante de personnes qui se pressaient dans chaque recoin de l’endroit. Remarquant leur détresse, un membre du personnel se dirigea vers eux. C’était une femme d’une cinquantaine d’années, cheveux coupés courts et blonds, un sourire chaleureux sur les lèvres.

- Vous semblez perdus, je peux faire quelque chose pour vous aider ?
- Nous avons rendez-vous à 15h avec le directeur de ce musée, annonça Miss Barth
- Oh, je suis désolée, il n’est pas vraiment disponible pour le moment. Vous pourrez bien patienter quelques heures ?

Mr Sullivan n’hésita pas à faire connaître son mécontentement en poussant un profond soupir.

- Je peux vous proposer une petite visite guidée en attendant ?
- Bien sûr, accepta Miss Barth en souriant.

Le musée regorgeait d’œuvres de Lawrence, toutes plus passionnantes les unes que les autres.

- Il avait deux modèles qu’il chérissait par dessus tous : Siudmak et Dali. L’univers du surréalisme le passionnait, je crois que ça se voit. Cet homme peignait comme il respirait. C’est simple : il n’arrêtait pas.

Son sourire chaleureux se transformait peu à peu en sourire dédaigneux. La visite dura plusieurs heures, au cours desquelles Miss Barth se noyait dans cet univers surréaliste. Le musée se vidait peu à peu de tous ses visiteurs, c’est alors qu’elle questionna celle qui menait la visite :

- Vous semblez mépriser cet homme, remarqua-t-elle.
- Ecoutez, je ne fais que mon métier. J’admire énormément les artistes tels que Dali et Siudmak, mais Lawrence n’avait rien d’original. Il avait beau passer sa vie, la gâcher et gâcher celle des autres, celle de ses proches à peindre, à mon sens, il n’avait pas d’univers propre. Ce qui lui est arrivé, je crois qu’il le méritait.

Elle tourna les talons et quitta les deux collègues, perplexes. Elle avait été appelée ailleurs. On leur informa plus tard que le directeur venait tout juste de quitter les lieux : le musée allait fermer d’ici peu.

- C’est incroyable, cette mission commence réellement à me mettre hors de moi, dit-il en s’asseyant sur un siège et en passant ses mains dans ses cheveux bruns.
- Elle vous agaçait dès le départ, je vous le rappelle. Je vous rappelle aussi que vous n’êtes pas seul à être sur l’affaire, et que vous n’êtes pas non plus le seul à être exaspéré par toute cette histoire.

De manière inattendue, il tourna la tête vers elle et lui sourit, les yeux scintillants.

- Excusez-moi, je me rend bien compte que je suis désagréable avec vous. Vous ne le méritez pas.

Elle sourit à son tour et ferma les yeux, avant de reprendre :

- Lucy est en train de quitter le musée, si nous nous dépêchons, nous avons une chance de pouvoir la suivre.
- Lucy ? La suivre ?
- Lucy, notre guide. Vous n’avez pas su lire son badge ?
- Dépêchez-vous, dit-il en l’entraînant par le bras jusqu’à leur voiture de service.

Suivant la voiture depuis près d’une demi-heure, Mr Sullivan cligna des yeux : la fatigue commençait à le gagner peu à peu, le décalage horaire n’avait rien arrangé. Enfin, il s’arrêta non loin d’un vieil immeuble, là où Lucy venait de se garer. Elle sortit rapidement de la voiture et gagna l’immeuble qui paraissait abandonné. Sortant un calepin, il nota l’adresse de son lieu d’habitation, et, après l’avoir rangé, son regard se posa sur sa collègue, profondément endormie. Il sourit. Une main sur un visage pâle vint alors remettre en place une mèche de cheveux roux qui s’était perdue, là, quelque part. Son sourire ne le quittait plus.


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MessageSujet: Re: ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤   ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤ EmptyMar 1 Aoû - 3:53

Quatrième Jour


Il raccrocha le combiné nerveusement, et se rassit, sans pour autant cacher son mécontentement.

- Cela fait cinq fois que je tente de le joindre, mais apparemment, il n’y a rien à faire ! maugréa-t-il.
- Calmez-vous, dit-elle d’une voix apaisante. Cela ne sert pas à grand chose, je crois, ce directeur ne semble de toute façon pas disposé à nous aider.
- Vous avez raison. Vous avez une idée pour la journée ?
- Je pense que nous pourrions rendre une petite visite à cette Lucy, pas vous ? proposa-t-elle, un sourire complice dessiné sur ses lèvres.
- C’est parti !

Saisissant ses clés de voiture au passage, il ouvrit la porte pour laisser passer sa collègue, puis la suivit jusqu’à la sortie de l’hôtel. Le vrombissement du moteur indiqua sa mise en marche. Miss Barth laissa sa tête tomber en arrière et ferma les yeux.

- Vous n’avez pas dormi, cette nuit ? demanda-t-il en tournant sa tête vers elle.
- Si, bien sûr. Mais je me sens faible, en ce moment, répondit-elle à moitié endormie.

Le silence enveloppa de ses bras le véhicule. Seuls subsistaient le chuchotement régulier du moteur et le souffle apaisant de Mr Sullivan. Calme. Serein. Une respiration rassurante. Elle se laissa bercer par cette respiration… comme tant de fois auparavant. Lentement, son souffle s’accorda au sien. Respirant tout deux au même rythme. Un choc. Une violente migraine s’empara de sa tête. L’impression d’avoir déjà vécu ce moment. Mais en même temps, non. Non, ce n’était pas elle. Elle rouvrit les yeux brusquement et se tourna vers son collègue, le souffle court.

- Un cauchemar ?
- Peut-être…

Son regard se perdit alors à travers la vitre. La neige se mit à tomber avec douceur, on aurait alors dit que toutes les gouttes de pluie avaient décidé de s’habiller en robe de mariée. Cette image fit sourire la jeune femme.

- Vous n’avez jamais songé à mener une vie normale ? dit-elle en brisant le silence.
- Qu’entendez-vous par « une vie normale » ? questionna-t-il.
- Je ne sais pas… Arrêter tout ça, avoir une vie, une famille peut-être.
- Mais ce que je vis, c’est une vie normale, dit-il en regardant de ses yeux scintillants sa partenaire.

Elle sourit et ferma à nouveau les yeux.

- J’ai déjà eu ce que vous appelez « une vie normale ». Et ça ne me manque pas du tout.
- Pourquoi dites-vous ça ?
- J’ai dû être déçu… J’ai eu une famille, mais tout peut s’effondrer tellement vite.
- Je suis désolée…
- Ne le soyez pas ! C’est moi qui n’ai pas su être à la hauteur… J’avais construit une famille avec une femme. Je l’aimais. Sincèrement. Vous devez savoir aussi bien que moi comment la vie est faite. Nous nous sommes déchirés, nous nous sommes séparés. Et aujourd’hui, je ne peux voir mon fils qu’une fois tous les mois. Vous ne savez pas à quel point c'est dur de ne pas pouvoir le voir grandir.
- La justice… dit-elle en levant les yeux au ciel. Je comprends que ce travail soit si important pour vous.

La voiture vint se garer au pied du vieil immeuble délabré qu’ils avaient quitté la veille. Poussant la porte, ils découvrirent un étroit couloir avec à son bout, un escalier de bois à la solidité douteuse. De chaque côté, la tapisserie se détachait, laissant apparaître le mur troué en de nombreux endroits.

- Ce n’est pas le grand luxe, constata Mr Sullivan.
- Non, en effet, renchérit-elle.

Trois coups secs. Une minute, puis deux. La porte s’ouvrit au moment où les deux collègues allaient quitter les lieux.

- Oh mais je vous connais, vous vouliez voir le directeur, c’est ça ? demanda Lucy d’emblée.
- C’est bien ça.
- Ce n’est pas chez moi que vous allez le trouver, si c’est ce que vous croyez, dit-elle en riant.
- Disons que nous aurions juste souhaiter vous poser quelques questions.
- Mais je vous en prie, entrez. Ne faites pas attention, c’est un peu le désordre.

Et pour cause. L’appartement minuscule était incroyablement encombré. Des flacons de toutes les couleurs, des livres éparpillés même sur le sol, des pendules. Les paupières closes, une agréable odeur d’encens brûlé parvint jusqu’à leurs narines.

- Je sais que c’est dur de ne pas remarquer que l’ésotérisme est ma grande passion, fit-elle en souriant et en leur indiquant deux fauteuils.
- Effectivement, répondit Miss Barth, émerveillée par tout ce qui se trouvait autour d’elle.
- Hier, vous aviez l’air de bien connaître ce Lawrence, je me trompe ? commença Mr Sullivan.
- Vous avez tout à fait raison, assura-t-elle. Enfin, "bien" est un grand mot, on ne le voyait pas souvent. C’est toujours seule que ma sœur venait me rendre visite.
- Votre sœur ? questionna Miss Barth.
- Oui. Ma sœur était la femme de Lawrence. D’ailleurs, ce n’était pas vraiment rose avec lui, à ce que je sais.
- Vous pouvez nous en dire plus ?
- Non, leurs histoires ne me regardaient pas. Je sais juste que Lawrence était obsédé par son travail, et Dieu sait que ma sœur en souffrait, dit-elle en soupirant.
- Vous savez où nous pouvons trouver votre sœur ? demanda Miss Barth.
- Bien sûr.

Lucy se leva et, attrapant un bout de papier, elle y griffonna quelques notes et le tendit à la jeune femme.

- Voilà, c’est son adresse. Je ne pense pas que ce soit le moment de venir lui poser des questions, vous savez, elle ne vit pas très bien cette perte.
- Nous ferons notre possible pour ne pas la brusquer, assura Mr Sullivan en tendant sa main vers elle.
- Merci pour elle, dit-elle en serrant chaleureusement les mains des deux partenaires.

C’est avec un soupir de lassitude qu’ils regagnèrent leur véhicule. Refermant les portes, le moteur se mit difficilement en marche. La neige ne s’était pas arrêtée depuis, tombant inlassablement dans une danse régulière sur le sol devenu blanc.

- Vous en pensez quoi ? questionna-t-il.
- Pas grand chose pour l’instant, j’avoue que tout est confus. Mais je serais curieuse d’entendre ce que la femme de Lawrence a à nous dire.
- Je vous propose d’abord de passer à l’hôtel, au moins pour déjeuner : j’ai une faim de loup, avoua-t-il.
- Je suis d’accord.

Après être rapidement passé dans leur chambre, ils se retrouvèrent dans le petit restaurant qui bordait l’hôtel. L’ambiance des premiers jours avait apparemment disparue, ils étaient à présent tous les deux passionnés par l’enquête qui s’offrait à eux, quoique quelque peu perdus. Aucune piste tangible ne semblait vouloir se présenter à eux. Ils évitèrent alors de se lancer dans des théories loufoques et décidèrent de parler de tout et de rien, chacun apprenant un peu plus à l’autre.

- Vous savez, je crois d’ailleurs que Savador Dali est le seul homme à avoir réussi à déterminer le centre de l’univers, dit-elle en regardant au fond de son verre de vin.
- Le centre de l’univers, vraiment ? demanda-t-il en riant.
- Non, bien sûr. Vous savez, Dali… répondit-elle en souriant.
- Et où détermine-t-il ce centre ?
- À la gare de Perpignan, une ville française.

Elle ne put s’empêcher de rire.

- Alors vous êtes vous aussi passionnée par ce peintre ?
- Je l’admire beaucoup, c’est vrai. Mais ma grande passion reste la littérature anglaise, dit-elle en baissant la tête.

Les minutes, les heures défilaient sans qu’ils ne s’en rendent compte. Mr Sullivan regarda alors au travers d’une fenêtre.

- Vous avez vu toute cette neige ? Jamais on ne pourra reprendre la route avec ce temps.
- Vous avez raison, soupira-t-elle. Nous verrons bien ce qu’il en est demain

Ils regagnèrent tous deux leur chambre. Miss Barth brancha son ordinateur portable et se prépara pour plusieurs heures de recherche : elle voulait en savoir plus sur Lawrence. De son côté, Mr Sullivan se décida pour une douche, quand il fut interrompu par la sonnerie du téléphone : c’était le directeur du musée.

- Oui… je… Parlez plus calmement, je vous en prie.

Après plusieurs minutes, il raccrocha, perplexe. Il poussa la porte de la chambre communicante, interrompant Miss Barth dans ses recherches.

- Vous pouvez trouver quelque chose sur un certain Dylan Barton ? demanda-t-il l’esprit ailleurs.- Pourquoi cela ?
- C’est le nom de notre cher directeur, il vient de m’appeler.
- Enfin… Et ? Il est d’accord pour nous voir ?
- Oui, mais pas dans les circonstances qu’il souhaitait. Il est descendu dans la salle où le tableau est gardé, alors qu’il croit lui-même à cette superstition. C’est pour cela qu’il a plongé l’endroit dans le noir avant d’y pénétrer.
- Et ensuite ? demanda-t-elle en pianotant sur son clavier.
- Ensuite son portable a sonné. Et on lui annonce que son fils a été retrouvé tué et que sa femme est à l’hopitâl, dans un état critique, suite au choc de la nouvelle.

Elle releva la tête de son écran, visiblement perturbée par cette information.

- Mais qu’est-ce que ça veut dire… Ca y est. Dylan Barton, 48 ans. Marié une première fois, il divorce après un an de mariage, abandonnant ainsi sa femme et son fils. Quelques années plus tard, il épouse sa femme actuelle, avec qui il a un deuxième petit garçon, Matt Barton. C’est tout ce que je trouve dans ses fichiers, soupira-t-elle en se laissant tomber sur le lit.
- Nous verrons bien demain… Nous avons rendez-vous aux alentours de 10h, je serai prêt et je viendrai vous chercher.
- Bien. Bonne nuit, dit-elle dans un baillement.
- Bonne nuit, répondit-il en fermant la porte.

Se tournant et se retournant, elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Une deuxième migraine s’empara de sa tête. Ses forces, de plus en plus faibles. Tout tournait autour d’elle et elle se laissa emporter par ce tourbillon avant de finir une fois pour toutes vaincue par la fatigue. « Seule, comme toujours », pensa-t-elle avant de s’abandonner définitivement.


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MessageSujet: Re: ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤   ¤ Sept Jours Pour Une Eternité ¤ EmptyMar 1 Aoû - 4:01

Cinquième Jour


Belle endormie. Ses cheveux roux éparpillés sur son visage de porcelaine. Une tristesse jusqu’alors inconnue se dégageait de ce corps meurtri. Tristement belle.

« Bonjour », murmura-t-il d’une voix douce.

Elle sursauta. Son mal de crâne reprenait le dessus, elle porta ses mains sur son front pâle et ferma ses yeux de toutes ses forces.

« Ca ne va pas ? » demanda-t-il, inquiet.
« Ce n’est rien… C’est juste une migraine, ça va passer. Merci », répondit-elle en tournant son regard vers lui. « Comment avez-vous fait pour entrer ? »
« La porte communicante était restée ouverte », souffla-t-il en baissant les yeux.

D’un geste de la main, il l’aida à quitter le lit. Le jour se levait à peine sur la ville de Prague. Le voile des nuages empêchait les trop peu nombreux rayons du soleil de venir chatouiller les visages des passants. Malheureusement, c’était plutôt le froid qui venait gifler leurs joues rougies. Une gorgée de café plus tard, ils se retrouvèrent tous deux à la réception.

« Quel est le programme de la journée ? » dit-il en lui tendant un croissant chaud.
« Je pense qu’une visite chez ce Dylan Barton s’impose, pas vous ? »
« Cette fois, on est d’accord » lui répondit-il dans un sourire, alors qu’il passait sa main dans le bas de son dos pour la conduire jusqu’à la voiture de service.

C’est lorsqu’ils arrivèrent à l’entrée de l’hôpital où se trouvait Dylan et sa femme que le ciel se mit à fondre en larmes. Les gouttes de pluie venaient s’écraser sur le sol lisse dans un dernier élan de désespoir. Courant pour échapper à leurs bourreaux, ils arrivèrent, essoufflés, dans le hall.

« Je peux vous aider ? » leur demanda une infirmière.
« Nous cherchons la chambre de Mya Barton, s’il vous plaît. »

Elle les guida alors à travers le long couloir blanc, orné de chaque côté de portes blanches. Ce blanc, toujours le même. Choc. Douleur intense. Mr Sullivan porta sa main droite à son front et ferma les yeux quelques instants, jusqu’à ce que son mal finisse par le quitter.

« Ca ne va pas ? » demanda Miss Barth en posant sa main sur son front, inquiète.
« Ce n’est rien, c’est juste… une migraine » dit-il en fuyant son regard.

Elle rentrait en lui, comme un invité indésirable. Une chose indéfinissable, diffusant une douleur sans nom dans tout son être. Réconfortante. Bienfaisante. Elle avait eu raison de lui :il tituba.

« Vous êtes sûr ? »

Le souffle court. Lentement, il releva la tête. Quelque chose avait changé. Il n’était plus le même. Une simple lueur dans ses yeux, qu’elle ne lui connaissait pas. Mais qui la troubla. Profondément. Elle n’aurait su dire pourquoi.

« Oui, je vais bien. Tout va bien » assura-t-il, le regard brillant.

C’était vrai, il allait mieux. Mieux que jamais. Ils poursuivirent leur chemin à travers le long couloir, jusqu'à ce que l’infirmière ne s’arrête devant une porte, aussi blanche que toutes les autres.

« Miss Mya Barton est dans cette pièce. Je vous demande simplement de ne pas la brusquer, elle est encore sous le choc de ce qui vient de se passer » recommanda la jeune femme en blouse blanche.

D’un signe de la tête, ils obtinrent le droit de pénétrer dans la fameuse chambre. Mya était assise dans son lit, fixant inlassablement le mur d’en face, le regard complètement vide. Perdue. Orpheline de son unique enfant et veuve d’un mari trop absent, pas encore mort. Leur fils avait été tué. Assassiné. En sortant de son école. Un jour presque comme les autres. Une bande d’autres enfants, jaloux de la situation de Matt. Battu à mort. Ils n’avaient rien vu venir. Ses boucles rousses tombaient en cascade sur sa peau pâle comme la neige. Emprunts d’une tristesse inavouée, ses yeux se posèrent sur Miss Barth. Un sourire éclaira alors faiblement le visage de cette dernière, et elle ferma les yeux, gardant pour elle l’éclat de ce bleu intense. Pourquoi se sentait-elle si bien ? La présence de cette femme était comme apaisante. Bienfaisante. Elle n’aurait su dire pourquoi ce visage étranger et pourtant si familier lui apportait tant de bien-être. Une main dans son dos : Mr Sullivan l’invitait à avancer. S’adressant à Mr Barton, il déclara :

« Nous avons tenté de vous contacter maintes et maintes fois au sujet du tableau de Lawrence qui se trouve dans votre musée. »

L’homme releva alors son regard vers eux : sa colère était perceptible.

« Vous n’avez qu’à le prendre, ce tableau. Il a détruit toute ma vie. »
« C’est toi qui la détruite, tu n’as eu besoin de rien ni de personne pour ça ».

Ce fut la seule phrase qu’elle prononça.
N’y tenant plus, Mr Barton sortit de sa veste un bout de papier et un stylo. Il y griffonna une suite de chiffres, puis tendit la feuille à Miss Barth.


« C’est le digicode pour rentrer dans la salle où le tableau est gardé ». Accentuant son regard, il ajouta : « Je suis le seul à le connaître. Une seule erreur, et vous êtes perdus. Vous connaissez les faits. Ils n’hésiteront pas à s’en emparer dès que l’occasion s’en présentera ».
« Ils ? » demanda Mr Sullivan.
« Ils », affirma Mr Barton.
« Nous vous remercions, Mr Barton ».

Saisissant le précieux papier entre ses doigts, Miss Barth quitta la pièce après avoir lancé un dernier regard à Mya, suivie de près par Mr Sullivan.

Retrouvant leur éternelle voiture de service, ils constatèrent dans un soupir de soulagement que la neige s’était soudainement arrêtée de tomber.

« Alors, votre avis ? » questionna-t-elle en regardant le sol blanc à travers la fenêtre.
« On récupère ce tableau et on le détruit. Il a fait assez de mal comme ça ».
« Vous partagez la théorie du tableau maudit, maintenant ? » demanda-t-elle amusée.
« À vrai dire, je ne vois pas d’autre hypothèse » avoua-t-il, presque gêné devant sa réaction.
« Moi non plus » affirma-t-elle, alors que ses lèvres s’habillaient d’un sourire rayonnant. « Si nous ne perdons pas de temps, nous pouvons peut-être encore passer chez Lucy, elle doit encore être au musée à cette heure ».
« Chez Lucy ? Pourquoi ça ? ».
« J’ai besoin de m’assurer de quelque chose ».

Ils arrivèrent quelques minutes plus tard devant le vieux bâtiment. La rue était déserte : Lucy n’était pas encore rentrée.

« Vous comptez faire comment pour rentrer ? » demanda-t-il en relevant les sourcils.
« Vous me prenez pour une débutante ? » répondit-elle, un sourire amusé aux lèvres.

Il sourit à son tour.

« Faites, je surveille l’entrée ».

Quelques secondes plus tard, elle le rappela : le tour était joué. L’appartement n’avait pas changé, mis à part le fait qu’il était plus ou moins rangé, cette fois. L’on se sentait comme dans un autre monde lorsque l’on pénétrait cet endroit. L’atmosphère qui régnait était inqualifiable, aucun mot n’aurait pu rendre parfaitement ce qui se dégageait de ce lieu. Une douleur intense. Juste là. Leur tête les faisaient souffrir, un mal sans nom. Leur regard se croisèrent. On cherche du secours dans les yeux de l’autre.

« Ca va aller ? » demanda-t-il, essoufflé.
« Je crois » dit-elle en tournant de l’œil.

Reprenant leurs esprits en même temps, ils se mirent à fouiller minutieusement l’appartement. Ils se perdaient eux-mêmes parmi pendules, livres, cartes… Et, soudain :

« Venez voir ça, Miss Barth ! », cria-t-il, un sourire triomphant illuminant son visage fatigué.
« Que se passe-t-il ? ».

La porte d’une armoire était entrouverte. À l’intérieur, livres de magies noires, et flacons contenant liquides multicolores.

« Et ? », dit-elle en relevant un sourcil.
« Et ? », reprit-il en la tirant par le bras et en l’invitant à s’asseoir.
« Je sens que vous avez quelque chose d’important à me dire ».

Son regard au fond du sien. Un regard qu’elle connaissait. Ou peut-être que ce n'était pas elle. Comme avant.

« C’est Lucy qui est à l’origine de tout ça. Elle a jeté un sort à ce tableau. »

Un silence. Long. Interminable. Une respiration régulière. L’autre s’était arrêtée, attendant le verdict. Insoutenable.

« Vous avez perdu la tête ? ».

Le verdict était tombé, la sentence allait être lourde.

« Bien sûr que non ! Lawrence était un mauvais père, et un mauvais mari : il a simplement été puni. On sait que Dylan Barton a abandonné sa première femme et leur bébé, il a vu le tableau : son fils est tué et sa femme se retrouve à l’hôpital. C’est évident, non ? ».

Deuxième silence.

« Vous vous moquez de moi, j’espère ? » dit-elle en relevant un sourcil.
« Non, il ne se moque pas de vous ».

Lucy venait de rentrer dans son appartement. Un visage sans expression aucune. Calme. Sereine. Elle prit place à leurs côtés.

« Je ne supportais pas de voir ma sœur délaissée, malheureuse, battue. J’ai fait alors la seule chose que je pouvais faire pour l’aider. L’unique cible était Lawrence, mais cela s’est passé alors qu’il peignait ce tableau. Je suis bien placée pour savoir qu’un artiste laisse toujours une trace de lui dans son œuvre. Lawrence était un artiste ».
« Vous l’avez tué. Vous avez tué Lawrence. Vous avez tué Matt Barton. C’est à cause de vous que sa mère est à l’hôpital », articula Miss Barth, le regard vide d’expression.
« Non. Ce tableau n’apporte aux gens que ce qu’ils méritent, ou ce dont ils ont, à mon sens, le plus grand besoin. Il n’y a pas de secret ».
« Qui croira tout ça ? » soupira Miss Barth.
« Personne », répondit Mr Sullivan en posant sa main sur le bras de sa collègue. « On ne peut pas vous arrêter sur ce simple aveu », dit-il en s’adressant à Lucy.
« Vous pouvez toujours essayer, je ne pense pas que je risque grand chose. Vous n’avez aucune preuve. »
« Il faut détruire ce tableau », déclara Mr Sullivan en se levant.
« Faites-le cette nuit, mais faites attention. Toute l’histoire autour de cette oeuvre en ont rendu certains fous. » recommanda Lucy.
« Ne vous inquiétez pas pour nous. ».

À ces mots, Miss Barth se leva, accompagnée de son collègue. Mais un bras la retint. Un regard. Profond. Hypnotisant. Des mots, essoufflés, prononcés dans un murmure, vinrent mourir dans le creux de ses oreilles. Ces mots qui attirent irrémédiablement votre attention.

« Réfléchissez bien avant de le détruire, Miss Barth. Vous en aurez peut-être besoin ».

La jeune femme jeta alors un regard sur sa montre : elle affichait déjà minuit.
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