Elle venait de passer une journée abominable. Elle chérissait son travail mais il existait des jours où le coté négatif ne faisait que ressortir. Plus l’hiver et le froid s’installaient, plus les gens étaient désagréables voir insolent. Elle classa quelques documents quand la sonnette retentit. Elle n’ouvrit pas. Sa journée était terminée et hors de question de faire des heures supplémentaires ce soir. Un mal de crâne la traquait depuis quelques heures et elle rêvait d’un chocolat chaud au pied de sa cheminée. Un feu où le bois crépitait doucement et dégageait une odeur de brûlé. Son sourire allait réapparaître à la vue de son mari dans quelques instants. Un sourire qu’elle ne voulait que pour lui. La personne insista sur la sonnette mais elle ne céda pas. Elle attendit quelques minutes et descendit. Sa montre indiquait 20 heures. Vêtue d’un long manteau épais marron, elle ouvrit la porte de l’immeuble qui donnait sur la rue sombre et inquiétante. A Peine un pied sur le trottoir que quelqu’un l’accosta.- Docteur Scully ?
Elle sursauta et recula. Un homme à quelques mètres, sortit de sa voiture mais sa femme lui fît signe de s’arrêter quand elle reconnu son patient. - Excusez moi. Il mit ses mains en avant pour calmer la montée d’adrénaline subite. Je suis désolé. Je ne voulais pas vous effrayer.
- Ca va Richard, j’arrive.
Lança t-elle à son mari en lui faisant signe de rentrer dans la voiture. J’ai déjà eu des petits soucis avec des patients dernièrement, voila pourquoi … Que se passe t-il Monsieur Mulder ?
- Je suis allé à la pharmacie mais ils m’ont refusé l’ordonnance. Il manque le nombre de boites pour les anti inflammatoire je crois. J’ai sonné mais … Enfin voila.
- Oh je suis navrée … dure journée.
Elle sortit un stylo de sa poche, compléta et signa par dessus. Elle lui rendit son ordonnance avec son plus beau sourire. Ils s’excusèrent une dernière fois, en même temps. Puis il partit, lui tournant le dos. Elle partit dans l’autre direction rejoindre son mari. Elle se rendit compte qu’elle souriait toujours. Ce sourire normalement destiné à celui qui partageait sa vie depuis une dizaine d’années. Elle camoufla le bas de son visage dans son écharpe. En entrant son mari la questionna et elle répondit. Elle aimait son coté protecteur. Il lui avait préparé un dîner comme elle les aimait. Mais quelque chose la troubla toute la soirée. Une chose qu’elle n’arrivait pas à définir.
***
Cette semaine venait de passer à une lenteur incroyable. Souvent le contraire etait observé. Pour la première fois, le Docteur Dana Scully ressentait une routine. Une sensation de ne pas avoir de nouvelles choses dans sa vie professionnelle. Les patients venaient quasiment pour les mêmes pathologies. Toujours les mêmes rituels, les mêmes questions, les mêmes réponses, les mêmes traitements. Ce week end lui avait permis de décompresser dans la famille de Richard. Une belle et grande demeure dans la campagne, située à l’extérieur de Washington. Toujours bien accueilli. Toujours bien reposée. Mais ce dimanche soir, en repartant, elle se sentait seule et fatiguée. La routine s’était aussi immiscée dans son couple. Pour la première fois, un sentiment de mal être l’envahit sans pouvoir définir la cause. Comme toujours, Richard conduisait. Comme toujours, il était attentif et prévenant. Mais ce soir, elle trouvait qu’il en faisait trop. La nuit était tombée depuis longtemps et pour la première fois, elle s’endormit d’ennui. La journée de lundi se passa calmement. Celle de mardi aussi mais avec une appréhension qu’elle n’arrivait pas à définir. Son rendez vous de 19 heure appela pour annuler. Elle demanda au dernier patient de la journée d’entrer. Il abordait un sourire sincère. Sourire qui devait en faire tomber plus d’une se surprit elle à penser. Il retira son blouson de cuire alors qu’elle tenait encore la porte. Elle passa devant lui pour rejoindre son bureau. Il en profita pour respirer son parfum sucré. Elle lui fit signe de s’asseoir face à elle.- Comment allez vous ?
- Ca va.
- C’est un petit « ça va » non ? Vous souffrez encore du dos ?
- Un peu mais c’est nettement mieux que la semaine dernière.
- Ok. Levez vous et retirez votre chemise.
Elle observa son dos. Les cicatrices des coups qu’ils avaient subit, disparaissaient peu à peu. Elle le massa délicatement pour détendre ses muscles puis appuya sur la zone la plus marquée. Il se crispa un peu moins que la semaine dernière, mais la douleur était toujours présente. Elle lui tendit sa chemise et lui fit signe de s’asseoir sur la table d’auscultation, recouverte d’un papier blanc. Elle pouvait apercevoir ses os sous sa peau blanche. Son visage pâle était creusé et ses yeux ternes.- Monsieur Mulder, est ce que vous mangez correctement ?
- Appelez moi Mulder s’il vous plait. Je n’ai pas l’habitude du « Monsieur »
- Bien … Mulder. Mais cela ne répond pas à ma question.
- Je n’ai plus mangé équilibré depuis que j’ai quitté mes parents. Autant vous dire que ça fait une paire d’année mais je n’en ai jamais ressenti le besoin. Et depuis … Ce qui m’est … Enfin depuis quelques mois, j’ai l’appétit coupé ...
- Je sais que vous ne voulez pas parler mais si je ne comprends pas ce qui vous est arrivé je ne peux pas vous donner le traitement adéquat.
- Pourquoi ? Il existe des pilules pour redonner l’appétit ?
Demanda t-il sarcastique. - Je ne plaisante pas. Vous devriez parlez. Vous libérer de ce mal qui vous ronge et qui vous permettrez d’avancer. Et ne me dites pas que vous n’en avez pas besoin, ça se voit. Même plus que la semaine dernière …
- Parler ? Mais dès l’instant où je vous aurez expliqué ne serait ce que pourquoi je suis aux affaires non classé, vous aurez appelé l’hôpital psychiatrique le plus proche. Tout le monde peut m’écouter, peu peuvent comprendre et beaucoup veulent m’évincer de ce métier.
Il venait de lui dire ceci les yeux dans les yeux, calmement et elle l’avait écouté, troublé et surprise par le manque de confiance qu’il avait envers elle. - Je … Je suis tenue au secret professionnel. Aucuns mots ne sortiront d’ici, faites moi confiance. Et je ne pense pas que l’HP soit l’endroit idéal pour vous aider.
- Qu’en savez vous ? Je joue peut être bien le jeux.
- Laissez moi le bénéfice du doute … Peut être est ce parce que je suis une femme que …
Il laissa échapper un éclat de rire. Puis deux. Depuis quand n’avait il pas rit ? Cet acte simple et conseillé de faire si souvent. Depuis quand une femme était à l’origine de son bien être ?- Au moins je vous fais rire.
L’amusement et la surprise se mêlaient sur son visage. - Si on aborde aussi ce sujet vous allez prendre peur …
- Aucune femme ou petite amie pour vous aider ?
Demanda t-elle d’un air sérieux. Il répondit par un signe de tête. Pourtant vous êtes loin de ressembler à Quasimodo …
- Merci … Je pense qu’aucune n’est prête à laisser passer mon travail avant elle. Ou plutôt je n’ai pas trouvé celle qui inversera la tendance … Et ce n’est pas plus mal …
- Je peux comprendre.
Il la regarda interrogateur. - Mon mari aimerai que de temps en temps je lève un peu le pied … Mais quand on est passionné … N’est ce pas ?
Elle venait de le toucher sans le savoir. Elle avait lût en lui et l’instant de quelques secondes, il fût déstabilisé. Il avait regagné le fauteuil face au bureau et Dana s’assit sur celui d’a coté. Cette proximité prouvait qu’il pouvait avoir confiance en elle. Elle avait besoin d’être proche de lui pour comprendre et percevoir ce que lui ressentait. Face à face, il se lança dans le récit de sa vie. L’enlèvement de sa sœur. Ses études. Les ouvertures des affaires non classées. Et ce qu’il avait vécus ces derniers mois. Un enlèvement qu’il n’était pas prêt à oublier. Un enlèvement qu’il cherchait à comprendre. Des moments pénibles à se remémorer et quand il parla de ce denier fait avec difficulté, il avait senti une main délicate se poser sur la sienne. Une heure venait de s’écouler et elle paraissait curieuse de comprendre la vie de cet inconnu. A aucun moment elle ne l’avait déstabilisé. Pas un regard de mépris ou de moquerie.- Et voila, maintenant vous pouvez appelez qui vous voulez.
- Pourquoi ne me faites vous pas confiance ?
- Je ne fais confiance en personne … Ce n’est pas juste vous.
Dit il gêné sachant qu’il la blessait. - Vous savez … Vous parlez à une scientifique qui demande à voir pour croire mais cela ne m’empêche pas de vous respecter, de respecter vos croyances et vos opinions. Mais je ne vois pas comment vous aidez …
- Vous m’écoutez sans me juger c’est déjà beaucoup.
Leurs regards s’accrochèrent mais elle le fuit rapidement. Elle regarda sa montre et s’étonna de l’heure. - Excusez moi je vous ai retenue !
- Non non, je finis à 20 heures le mardi. Nous sommes dans les temps mais je n’ai pas vu ces deux heures passer. Je vous prescris des anti douleurs et normalement la semaine prochaine vous devriez courir comme un athlète de haut niveau !
- Merci … vraiment …
- On se revoit mardi prochain mais en attendent nourrissez vous et prenez soins de vous. Sinon j’en connais un qui va me faire des remontrances.
Plaisanta t-elle. Elle prit le téléphone et n’attendit pas longtemps avant que son correspondant ne décroche. - Chéri, je m’en vais. A tout de suite.
Il la regarda peut être plus étonné qu’il ne l’avait souhaité et elle le remarqua. En mettant son manteau, elle répondit à sa question qu’il n’avait pas posée.- J’ai eu des ennuis avec un patient il n’y a pas longtemps. Harcèlement pour finir par une agression il y a 3 mois …
- Je suis désolé. Je ne voulais pas paraître curieux. Mais c’est vrais que le quartier n’a pas l’air très sur pour … Une jeune femme comme vous.
- Voila pourquoi j’appelle mon mari. Si je ne suis pas dans 10 minutes chez moi il arrive. Je n’aime pas être dépendante et j’aime la liberté mais entre trois côtes, un doigt et le poigné cassés je préfère prendre des précautions.
- Oooh.
Il grimaça de douleur devant ce visage de porcelaine. Très bien alors je ne vous retarde pas mais laissez moi vous raccompagner à votre voiture.
- Avec plaisir.