Les aiguilles de l'horloge du temps avaient continué leur danse folle depuis ce drame, qui avait transformé une profonde blessure en une abîme meurtrissante le coeur. Mais il y a un chose qui lui échappait. Les aiguilles de la vie se fatiguaient de leur ballet éreintant.
C'était une jeune femme simple. Des rides naissantes mais néanmoins profondes sculptaient son visage, ses lèvres étaient sèches et ses yeux fatigués. Elle n'était pas coiffée ni maquillée; elle ne portait qu'un pantalon noir,un chemisier et un gilet qui avait fait son temps.
Scully se leva péniblement de sa tombe orphéonique et se dirigea vers la cuisine pour exécuter son rituel matinal. Son seul unique et dernier bijou était adossé à la table.
- Tu es déjà debout? Comment ça va ce matin ma puce? Demanda la jeune mère d'un air désinteressé.
- Je t'ai déjà dit de pas m'appeler comme ça! Répondit sa fille, Gwen.
A ces quelques mots Scully se souvint de cette douleur qui la rongeait en secret. Cette simple phrase lui en amena une bien plus rude: - Tu es une mauvaise mère. -
- Ecoute, je... Reprit elle avant d'être coupée.
- Tu as dû déjà me le dire, ne te fatigue pas. De toute façon le bus va pas tarder, bye.La porte claqua laissant Scully face à elle même, seule. Elle s'effondra sur une chaise, laissant tomber sa tasse au sol qui fit un insupportable vacarme; suivit d'une larme qui en fit bien plus dans son coeur.
Un morceau de papier était posé sur la table:
Quand se sera couché le jour
Quand le soleil me tournera autour
Je saurai alors que tu es parti
Le marchand de sable t'as enseveli
Il en a oublié le réveil de la vie
Tu as beau faire le beau aux bois
C'est aux cîmes d'hier que tu seras
Bonne nuit les petits
Le conte est fini
Le temps de fermer les yeux
Fermer le livre poussièreux
Mais il est déjà l'heure
De s'endormri de peur
A savoir que tu ne seras pas là
Au réveil, près de moi
C'est ça la vie les petits
Ce n'est pas un compte fini
Les héros, une fois le livre fini
S'envont pleurer les astres punis
Le café avait eu le temps de conquérir un morceau certain du carrelage de la cuisine. Tout comme la noirceur envahissante le coeur de Scully. Mulder, Davis, Ryan, William... La seule chose qui lui restait c'était elle. Elle qui la haie tant.
Elle épongea péniblement le café et ramassa les morceaux de l'objet brisé. Malheureusement cela n'était pas valable pour cette ombre à l'intérieur d'elle.
Une fois le ménage fini, elle décida d'aller dans la chambre de Gwen.
Elle posa son gilet sur le lit et se dirigea vers le bureau de sa fille, véritable boîte à trésors inexplorée. Elle y trouva divers dessins, des travaux de classe, quelques photos, un journal et un petit ours en peluche au fond du tiroir. La pauvre bête avait perdu un oeil et avait l'air d'avoir était soigné plusieurs fois. Mais un seul oeil lui suffisait pour renvoyer à la figure de Scully tant de nostalgie. A travers ce simple oeil, un bout de plastique, Scully se souvenu de tout. L'enfer prenant possession de l'appartement, la mort de Ryan, son fils; le départ d'Hendry. Dans un élan d'égoïsme elle délaissa le souvenir de Ryan pour celui de son amant.
L'homme a qui elle avait tout donné. L'homme qui lui fit oublier Mulder, le seul. Le même qui lui apprit à vivre, qui l'obligea à délaisser sa fille. Perdue dans ses souvenirs douloureux... elle sursauta au retour de Gwen.
Elle se dirigea vers l'entrée.
- Comment ça se fait que tu sois déjà là? Demanda t-elle nerveusement.
- Un prof' absent. Répliqua Gwen sans regarder sa mère.
Elle commença le trajet vers sa chambre quand sa mère la retint.
- C'est toi qui a écrit ce mot?
- Quel mot? Questionna l'adolescente fixant sa mère.
- Celui sur la table! Il a pas pu attérir ici par magie! Répondit Scully d'une voix tremblante.
Gwen baissa les yeux.
- Mais réponds! Tu as perdu ta langue ou quoi? [/b]Lança Scully à la figure de sa fille.
La jeune fille reprit la direction de sa chambre en accélérant le pas. Scully lui aggripa le bras, instaurant une étreinte entre elles en détruisant le dernier lien quelle pouvait avoir avec sa fille. Malgré cela, Gwen réussit à ouvrir la porte de sa chambre.
[b]- Ecoute... Je ne demande qu'à t'aider! Parles moi! Dit elle en s'énervant.
Gwen baissa à nouveau les yeux en direction de sa chambre.
- Tu as fouillé ma chambre? Cria la jeune fille.
- Peu importe, qui a écrit ce mot? Qui?! Scully secoua sa fille par les épaules. Gwen gifla sa mère.
- Tu n'as pas le droit... Après tout ce que tu as fait, ne m'oblige pas à te parler! Répliqua l'enfant apeurée.
Scully choquée, resta immobile. Gwen, quant à elle, rentra dans sa chambre. Elle prit le gilet de sa mère et le jetta à ses pieds. Elle déposa les armes; ferma la porte à clé et aggripa de toutes ses forces la peluche qui était le dernier lien avec son frère.
Scully ramassa son gilet, s'approcha de la porte en essayant de l'ouvrir.
- Sache que je suis dans ton camp; je vais aller prendre l'air.