Les fanfics de la Gillian Community
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Polly

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MessageSujet: Erreur d'Appréciation   Erreur d'Appréciation EmptyJeu 24 Sep - 18:52

Auteur : Polly (andreaparcoeur@hotmail.fr)
Disclaimers : Si seulement on pouvait me payer pour ça je foncerais sur le site de la SNCF pour réserver un Eurostar! lol
Résumé : Mulder et Scully sont réquisitionnés pour tenter de prendre un groupe de dealers en flagrant délit mais les choses tournent mal...
Time-Line : N'importe où avant All Things, mais après Two Fathers/One Son.
Notes : Un an pour pondre ça, c'est un scandale! lol Heureusement que j'en ai une autre en stock pour après! :p



Erreur d'appréciation



Remuer les pieds ne changeait rien. Pas plus que de lâcher de longs soupirs. Tout ce que Scully obtenait, c’était l’agacement renforcé de son collègue. Il faisait si froid dans la voiture qu’un nuage de condensation s’échappait de ses lèvres à chaque expiration. Pourquoi refusait-il de mettre le chauffage ? Pour préserver la batterie en cas d’urgence. A ce rythme là, ce ne serait pas leur véhicule qui resterait immobile sur le trottoir mais les mains de Mulder : elles se retrouveraient scellées au volant, rendant impossible toute poursuite d’un suspect.

« Dans combien de temps arrive la seconde équipe ? » S’enquit finalement Scully, bien qu’elle connaisse parfaitement la réponse pour l’avoir entendue une demi douzaine de fois.

« Vers 6 heures, soit dans un peu plus de quatre petites heures. » Répliqua Mulder sans même prendre la peine de consulter sa montre.

Il l’avait fait quelques minutes avant, comptant les secondes qui s’égrenaient à une lenteur enrageante. Scully s’humecta les lèvres, tentant de lutter contre les gerçures qui lui brûlaient la peau. La tête appuyée contre la vitre gelée, elle ferma les yeux un instant. Lorsqu’elle les rouvrit, les lueurs des lampadaires semblaient s’être décuplées dans l’obscurité, formant une ribambelle de lampions dans son esprit. Le sommeil la gagnait peu à peu mais Scully ne se laisserait pas vaincre si facilement. Ses gants de cuir comprimaient ses doigts, lui donnant l’impression de n’avoir que des glaçons au bout des paumes. Elle avait presque peur de les ôter, de crainte d’y trouver deux moignons congelés.

A ses côtés, Mulder n’avait pas l’air de souffrir malgré les basses températures régnant sur Boston. Au contraire, il s’adonnait à son addiction favorite, dévorant ses graines de tournesol à une vitesse vertigineuse. Les coquilles de pipas jonchaient le sol du véhicule tant le cendrier débordait de ces petits déchets envahissants. Allez savoir comment, un jour Scully en avait retrouvé une dans ses cheveux en rentrant chez elle après une interminable réunion de bureau. Ces cochonneries se faufilaient absolument partout et Scully se retenait de lui en faire la remarque.


« J’espère que l’indic’ de McCarthy ne s’est pas fichu de lui. » Nota Mulder afin de faire gracieusement la conversation.

« Pourquoi a-t-il fallu que Skinner nous mette sur l’affaire, c’est une enquête de la DEA, je ne vois pas le rapport avec les affaires Non Classées. » Rétorqua Scully, toujours troublée par cet assignement.

Un peu plus tôt dans l’après-midi, alors qu’elle effectuait une autopsie pour rendre service à un autre enquêteur, Mulder était venu la chercher. Immédiatement, il avait expliqué que Skinner avait besoin d’eux pour une planque discrète. Bête et disciplinée, Scully avait suivi sans rien dire. Jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’ils surveilleraient un entrepôt où de la drogue était supposément conservée en vue d’une transaction prochaine. Pourquoi les astreindre à une tâche aussi ingrate ?


« Ils ne connaissent pas nos visages, moins de risque d’être démasqués. Et puis ils ont eu quatre tuyaux différents au même moment donc ils sont en sous effectifs. » Les justifia Mulder, comme s’il se devait de les défendre.

« Et nous on se retrouve ici au beau milieu de la nuit, frigorifiés. » Conclut amèrement Scully.

Un long silence prit place, Mulder ne savait que répondre pour lui adoucir le séjour. Au fond de lui, il se doutait qu’elle ne le tenait nullement responsable de leur situation actuelle mais il se sentait coupable de l’avoir entraînée dans cette sordide histoire. Après tout, il aurait très bien pu s’acquitter seul de son devoir. Du coin de leur l’œil, il la vit de nouveau frissonner et ne put résister à l’appel du chevalier servant qui résidait en lui. Se courbant, se tordant, il parvint à retirer son par-dessus qu’il installa sur les genoux de son amie et coinça à l’arrière de ses épaules pour s’en servir de couverture.


« Mulder… » Gémit-elle, à moitié irritée, à moitié reconnaissante.

« Je vais t’appeler un taxi, tu n’auras qu’à marcher jusqu’au coin de la rue et rejoindre Union Street comme ça ils ne remarqueront rien d’anormal. » Suggéra Mulder en allumant son téléphone portable pour composer le numéro.

« Non, Mulder, nous sommes une équipe. On est sensés se soutenir. Je ne te laisserai pas seul ici, Dieu seul sait dans quel pétrin tu pourrais encore te fourrer. » Se plaignit-elle à haute voix.

« Je peux te couvrir pour ce soir Scully, je ne p… »

« Tu m’as déjà couverte Mulder. » L’interrompit-elle en désignant expressément son manteau qui la tenait au chaud. « Maintenant arrête de discuter et concentre-toi sur cette porte avant qu’ils ne sortent et qu’on ne les repère pas. » Ordonna-t-elle gentiment, reportant son regard sur l’entrée qui les intéressait.

Plus d’une heure s’écoula sans le moindre signe de mouvement. Mulder s’abaissa même jusqu’à proposer ses dernières graines de tournesol à Scully mais cette dernière déclina l’offre, touchée par tant de générosité. Le sel lui donnerait soif et elle avait déjà une envie suffisamment pressante sans aggraver les choses en buvant davantage d’eau ou de café. De toute façon, c’était Mulder qui l’avait préparé et il était imbuvable, il y avait mis plus de sucre que de marbre. Sur la banquette arrière gisait encore la boîte de doughnuts que Mulder avait achetée pour leur filature et qu’il avait engloutie à lui tout seul après les refus successifs de la jeune femme. Préférant ignorer le parfum alléchant de ces pâtisseries, Scully se plongea totalement dans la contemplation des éléments alentours. Elle releva avec dépit l’apparition de la pluie en fines gouttelettes qui s’abattaient sur le pare-brise et s’enfuyaient dans des larmes sinueuses contre le plexiglas. L’averse s’intensifia, si bien que l’espace d’un instant, Scully crut déceler des flocons de neige mêlés à ce grésil qui s’acharnait à tomber, encore et encore.


« Mulder, tu crois que… »

Tout en parlant, Scully avait tourné la tête pour s’adresser à son partenaire mais celui-ci avait les yeux fermés. Croyant qu’il s’était endormi, elle appela son nom sans trop hausser la voix pour ne pas les dévoiler. Mulder ne l’entendit toujours pas alors elle tendit le bras et captura sa main droite qui reposait encore machinalement sur le volant. Scully fut surprise de découvrir la froideur de sa peau et l’attira contre elle pour la réchauffer sous leurs manteaux.

« Désolé, je me suis assoupi. » S’excusa Mulder, ne récupérant pas pour autant sa main nichée entre celles de Scully.

Quand elle fut satisfaite de sa température retrouvée, elle la lui rendit sans un mot.


« Skinner a demandé à ce que tu m’accompagnes. » Admit-il tout à coup, se frottant le visage pour le raviver.

« C’est normal, je suis ton équipière. » Abonda Scully, les yeux rivés sur l’extérieur.

« Il a dit que comme ça, on passerait pour un couple. Il arborait une sorte de petit sourire en coin que je n’ai pas pu identifier. » Continua Mulder, légèrement amusé.

« Il n’a peut-être pas tort. J’imagine que de voir un couple dans une voiture, le soir, parait moins suspect que deux hommes. » Supposa Scully, parfaitement rationnelle évidemment.

« Ca va encore alimenter les rumeurs. » Grommela Mulder, croisant les bras pour se tenir chaud.

« Depuis le temps, je pensais que tu n’y accordais plus d’intérêt. » S’étonna Scully, intriguée par cette soudaine conscience professionnelle semblant venir de nulle part.

« Moi je m’en fiche, c’est plus… Enfin tu vois ce que je veux dire. » Balbutia Mulder, effectuant une vague de la main pour terminer sa pensée.

« Non Mulder, qu’est-ce que tu veux dire ? » L’interrogea Scully, honnêtement curieuse.

Il était rare de voir Mulder déstabilisé ou gêné par une de leurs discussions. L’un et l’autre avaient l’habitude d’être si directs et ouverts, sans la moindre inquiétude quant à son interlocuteur. Jamais ils ne se sentiraient froissés par une remarque, du moment qu’elle est argumentée convenablement. Où voulait-il en venir ? Dès qu’il s’agissait d’un thème un tant soit peu lié à leurs vies privées ou à leur relation, il devenait plus compliqué pour eux de prononcer certaines idées ou conceptions.


« C’est par rapport à toi que ça m’embête. Qu’ils m’appellent Spooky, je peux l’encaisser mais qu’ils te rabaissent au rang de Mrs. Spooky juste parce que tu travailles avec moi, ça m’énerve c’est tout. » Se confia Mulder, haussant les épaules et gardant le regard fixé sur un point éloigné du bâtiment qu’ils observaient.

« Parce que tu t’imagines que j’y fais attention ? Mulder, si ça me dérangeait vraiment, je te l’aurais fait savoir. Je passe au dessus c’est tout. Et puis il y a pire dans la vie que d’être traitée de Mrs. Spooky, crois-moi. » Assura Scully, faussement désabusée.

« Ah oui ? Comme quoi ? » Décocha Mulder, plus par réflexe qu’autre chose.

« Ice Queen ? » Répliqua Scully, son ton partagé entre la question et la complainte.

« Je te jure que si je croise l’enfoiré qui t’a un jour surnommée comme ça… » Promit Mulder, ne digérant toujours pas ce surnom idiot et totalement faux.

« Oh, tu l’as croisé Mulder et il est au mieux de sa forme aux dernières nouvelles. » Plaisanta Scully, sachant que de toute façon il n’aurait jamais vraiment agi.

« Quoi ? C’était qui ? » Fit Mulder, outré.

« Tom Colton. Quelques jours après l’affaire Tooms, sa manière à lui de nous remercier pour notre collaboration je présume. » Ironisa Scully, touchée par la réaction de Mulder.

« Ce n’est qu’un petit abruti imbu de sa personne. C’est nous qui lui avons mâché toute l’affaire, il n’a fait que lécher des culs hauts placés. Tu vaux bien mieux que lui. »

« Toi aussi Mulder mais on n’y peut rien, on connaît les règles du jeu et on refuse de les appliquer, ce n’est pas étonnant de perdre certaines parties. »

« C’est parce qu’on joue dans une toute autre cour. » Raisonna Mulder, d’humeur maussade.

Ce petit prétentieux revanchard de Colton ne valait décidément pas l’intérêt que les grands pontes lui portaient. C’était Scully qui aurait dû être à sa place, à gravir les échelons sans entrave. Avec ses résultats, si elle n’avait pas travaillé avec lui, elle aurait probablement déjà été nommée directrice assistante. Mieux encore, elle dicterait ses ordres à Kersh et à toute sa clique. Au lieu de cela, elle se retrouvait à effectuer une planque bidon à trois heures du matin. Gelée jusqu’aux os et obligée de subir sa présence sans autre choix que de se taire.


« Mulder ? »

« Hum ? »

« Arrête immédiatement de penser que je ne devrais pas être ici avec toi. Tu es un très bon agent, je suis exactement à la place où je veux être et qu’importe ce que tu penses, on forme une très bonne équipe. Pour rien au monde je ne changerais ça. » Déclara-t-elle sous l’expression ébahie de Mulder qui ne s’attendait pas à tant de clairvoyance.

« Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter ça mais j’ai dû être un bon Samaritain dans une vie antérieure ou Mère Theresa, je ne sais pas. »

« Mulder ? »

« Encore des compliments ? Je suis toute ouïe. »

« Non, il y a du mouvement. » Alerta Scully en se redressant dans son siège pour mieux voir leurs cibles.

La nuit opaque ne leur permettait de distinguer que des silhouettes, certaines se déplaçant comme des ombres sur un mur. Deux hommes sortaient de l’entrepôt, tenant chacun une caisse dans les bras. Il était impossible d’en identifier le contenu à une telle distance et avec une visibilité aussi faible. Mulder et Scully supposèrent qu’il s’agissait de la marchandise en question. Ce dernier contacta le quartier général et lui détailla les derniers évènements. Evidemment, ils eurent l’ordre de rester en stand-by jusqu’à l’arrivée de renforts. Tout ce qu’ils pouvaient faire était de noter les plaques d’immatriculation déchiffrables malgré leur éloignement.


« Je déteste jouer les figurants. Ils sont juste là et le temps que la cavalerie arrive, ils auront filé. » Bougonna Mulder en se débarrassant de ses jumelles sur le tableau de bord.

« Mulder, il y a deux hommes qui arrivent de derrière. » Signifia Scully avec inquiétude.

En effet, ils longeaient le trottoir qui les conduirait au bâtiment où avaient lieu les festivités. Le souci, c’était qu’en allant dans cette direction, ils marcheraient à hauteur de la voiture où Mulder et Scully se trouvaient et les repèreraient immédiatement.


« Merde… » Lâcha maladroitement Mulder en les scrutant dans son rétroviseur. « Si on part ils vont nous griller et risquent d’ouvrir le feu. » Devina-t-il en décelant leurs armes sous leurs vestes.

Près de lui, Scully avait déjà commencé à agir, expédiant leurs manteaux à l’arrière. Elle déboutonna ensuite son chemisier à toute allure. Pas assez rapide à son goût, elle s’empara des deux pans de son vêtement et fit craquer les derniers pressions sous l’air ébaubi de son collègue. Pour plus de crédibilité, elle ôta à moitié son haut, dénudant ses épaules, puis se jeta à l’assaut de Mulder et de ses lèvres.
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MessageSujet: Re: Erreur d'Appréciation   Erreur d'Appréciation EmptySam 26 Sep - 14:24

Le levier de vitesse écorchait son genou gauche et le volant lui abîmait le coccyx mais Scully s’en moquait. Mulder était finalement passé à l’action, plaçant une main sur sa cuisse et l’autre dans ses cheveux. Ils s’obligèrent mutuellement à ne penser qu’à cet instant, à leurs bouches et à leurs corps l’un contre l’autre. Plus ils sembleraient en plein échange charnel, moins les suspects ne se douteraient de la supercherie. Ce qui rendait ce moment à la fois interminable et atrocement court. Effrayés et passionnés, ils s’embrassèrent avec une ardeur qu’ils avaient rarement connue. Leurs dents s’entrechoquaient, leurs respirations haletaient, le tout à travers des gémissements de douleur et de plaisir, arrachés par des ongles acérés.

Un sifflement à l’extérieur attira enfin leur attention et quand ils se détournèrent les deux hommes à l’extérieur esquissèrent de larges sourires. Mulder et Scully firent mine d’être agacés par cette interruption et les types leurs envoyèrent chacun un signe purement amical du majeur avant de s’éloigner à nouveau.

Mulder et Scully restèrent figés dans cette position, les mains de Mulder caressant doucement les hanches de Scully pour en même temps l’apaiser et maintenir leur illusion.


« Ca a eu l’air de marcher. » Souffla Mulder, ils étaient si proches que leurs lèvres se frôlèrent à ses mots.

« Je suis désolée, je ne sais pas ce qui m’a pris, c’est la seule idée qui m’est venue à l’esprit. » Bredouilla presque Scully, sans pour autant s’écarter.

« Non, tu as bien fait, tu nous as sauvé la mise. Et puis, ne t’inquiète pas, je serai le dernier à porter plainte pour harcèlement sexuel. » Ajouta-t-il pour la détendre.

Scully ne répondit pas à sa marque d’humour, préférant regagner son siège tout en récupérant un tant soit peu de dignité et de pudeur. Elle ne savait pas d’où provenait ce petit scenario surprise mais était rassurée que ce soit Mulder avec elle dans la voiture. Jamais il n’irait répéter partout que Dana Scully s’était ruée sur lui comme une lionne dans le simple but de conserver leurs statuts d’inconnus. Heureusement pour elle, Mulder avait l’avantage de l’attirer physiquement. Restait à espérer qu’il en soit de même pour lui ou bien cette démonstration d’amateurisme aurait des répercussions moins agréables sur leur amitié.

Sa réflexion ne put se porter plus loin car des coups de feu retentirent avant qu’elle n’ait entièrement fini de se rhabiller. Par instinct, ils se recroquevillèrent tous les deux au fond de leurs sièges. Echangeant un regard, ils surent qu’ils ne résisteraient pas à l’envie d’intervenir. Si ce n’est pour protéger les habitants des alentours. Le lieu était retiré mais de nombreux entrepôts avaient été convertis en lofts et abritaient artistes ou autres collectionneurs de tableaux. Les fenêtres étaient larges et accentuaient le risque de dommages collatéraux. Sans parler des automobilistes qui empruntaient régulièrement la rue. Mulder et Scully ne purent patienter plus longtemps et sortirent du côté passager. A l’arrière, ils récupérèrent leurs gilets pare-balles qu’ils enfilèrent aussitôt. Ils se faufilèrent ensuite vers l’avant, le plus discrètement possible. Recourbés derrière les autres véhicules garés sur le bord de la route, ils se rapprochèrent un maximum de la zone de tirs.

Mulder fut le premier à viser et à toucher sa cible, blessant l’un des tireurs à l’épaule. Celui-ci ne se laissa pas démonter pour autant et redoubla de rage. Leurs adversaires comprirent rapidement que deux nouveaux partis s’étaient additionnés à la scène. Placé derrière le coffre d’une vieille Ford, Mulder gardait un œil sur Scully située à hauteur du capot. Celle-ci le surveillait de la même façon, prête à bondir pour venir à son secours en cas de besoin.


« Je crois que j’en ai eu un ! » S’exclama Scully pour signaler à Mulder l’avancement de la situation.

« Moi aussi mais d’autres types sont sortis du bâtiment en renfort, je ne sais pas combien ils sont. » Répondit Mulder en comptant le nombre de balles qu’il tirait pour savoir quand il devrait changer de chargeur.

« Il faudrait que j’aille derrière la Toyota là-bas, j’aurai un meilleur angle et je serai mieux protégée. » Lança Scully en s’accroupissant davantage pour dissimuler sa tête.

« Tu es sûre de toi Scully ? » Questionna Mulder avec hésitation.

« Garde un œil sur les types du fond et ça ira, couvre-moi. » Dit-elle en vérifiant son arme. « A trois j’y vais. Un… »

Mulder ne quittait pas ces types des yeux, planqués derrière un muret en pierres pour les premiers et derrière d’autres voitures pour les seconds. Scully prenait un gros risque mais si ce n’était pas elle, se serait lui alors il l’aiderait au possible.

« Deux… »

De là-bas, elle ne serait plus en parallèle avec ce satané mur et parviendrait à distinguer leurs assaillants. Rien de mieux que de les avoir par surprise.

« Trois ! »

Scully courut de toutes ses forces et Mulder commença une riposte plus intense. Malheureusement, il s’était trompé dans ses comptes et se retrouva à bout de munition un peu plus tôt que prévu. Ce léger délai offrit une occasion en or aux deux dealers d’en face. Ils s’empressèrent de viser Scully... et de la toucher. Mulder la vit fléchir, une main descendit sur sa cuisse et de la droite elle continua à tirer de l’autre côté de la rue. Les deux hommes qui les avaient aperçus dans la voiture choisirent ce moment pour remballer leurs armes et déguerpir. Ils comptaient sans doute sur Mulder et Scully pour effectuer le sale boulot à leur place, éliminant la concurrence à moindre frais.

« Scully ?! Est-ce que ça va ? » Cria Mulder quand il eut enfin un instant répit.

« Ca va. » Affirma la jeune femme qui refusait de se laisser gagner par la douleur.

Au dessus d’elle, une lumière s’écoulait d’un lampadaire comme un faible halot. La visibilité de Mulder était réduite mais le liquide qui se reflétait sur le pavé lui fit comprendre que sa partenaire perdait du sang et pas que quelques gouttes. L’artère fémorale n’était probablement pas touchée sinon Scully l’aurait immédiatement mentionné. Elle était têtue mais pas encore suicidaire à ce qu’il sache. Sa décision était prise. Inspirant un grand coup, il changea de chargeur et ouvrit le feu de plus belle, se frayant un passage entre les balles jusqu’à Scully. Une fois près de la Toyota, il glissa un bras autour de la taille de son amie et la souleva de terre. Obligée de cesser sa riposte, Scully s’agrippa à son cou et plia son genou valide pour ne pas le gêner dans sa course.

Le hangar était désaffecté, une chance que personne ne se trouve à l’intérieur. C’était un vrai dédalle de couloirs et Mulder s’engouffra dans le moins éclairé de tous. Si leurs agresseurs venaient à les poursuivre, ils emprunteraient probablement le plus visible, question d’instinct.


« Mulder, tu peux me poser maintenant! » Exigea Scully quand ils furent à l’abri.

« Il faut faire un garrot. » Diagnostiqua Mulder en la remettant sur pieds près d’un tas de cartons abandonnés et replaçant son arme vide dans son holster.

« Tu crois qu’ils sont partis où qu’ils nous cherchent ? » Demanda-t-elle, les mains pressées contre sa blessure avant de finalement céder et s’asseoir.

Mulder avait allumé sa lampe de poche et vit que le sang coulait à flots entre ses doigts. A en juger par le teint blafard de Scully, elle en ressentait déjà les effets. Décidé à agir, Mulder ôta sa ceinture, s’agenouilla et prodigua les premiers soins à la jeune femme. Curieusement, Scully se laissa faire, grimaçant tout de même sous l’étreinte du cuir sur sa jambe. Ses mains tremblaient légèrement et quand elle voulut remettre des cheveux derrière ses oreilles, elle tâcha sa joue de son propre sang. Mulder effaça cette trace du revers de sa chemise et ses doigts s’éternisèrent un instant sur son visage. La promesse discrète qu’il ferait tout pour la sortir de ce piège.


« J’ai foiré, j’ai mal compté… » Maugréa-t-il en secouant la tête, agacé contre lui-même.

« Ca arrive à tout le monde Mulder, je t’ai pris de cours. Ca ira. » Assura-t-elle avec conviction.

Un bruit sourd résonna, il provenait de la pièce principale. Tous les deux retinrent leurs souffles, favorisant le retrait à l’offensive pour cette fois.


« Il faut appeler une ambulance. » Chuchota Mulder en tâtant ses poches. « Bon sang, je n’ai pas mon portable ! » Grogna-t-il les dents serrés, il n’en ratait pas une. « Tu as le tiens ? »

« Non, il était dans ma veste avant que nous… » Fit-elle sans avoir besoin d’être plus explicite pour qu’il saisisse le message.

Celui de Mulder avait dû tomber de sa poche au moment de leur petit échange nocturne. Ou bien pendant l’attaque, et avec tout ce bruit, il ne l’aura pas entendu heurter le sol. Ce n’était pas si grave, il avait déjà appelé du renfort et dès qu’ils seraient là, Mulder réquisitionnerait une voiture pour conduire Scully à l’hôpital. Restait à espérer que les autres équipes arriveraient rapidement. A priori, le gang avait décidé d’effectuer plusieurs transactions en même temps de façon à déborder les effectifs de la DEA. Leur plan semblait plutôt efficace jusque là.


« Reste-là, je vais juste voir d’où vient ce bruit. » L’avertit Mulder en récupérant l’arme de Scully à qui il restait des balles.

Scully le regarda s’éloigner puis à l’aide de ses bras, elle se hissa jusqu’au mur. Sa cuisse la faisait horriblement souffrir mais elle ne l’avouerait sous aucun prétexte. Cela ne servirait qu’à exacerber la préoccupation de Mulder et elle n’en avait vraiment pas besoin. C’était son efficacité à gérer les situations difficiles qui était nécessaire, plus que tout au monde. Une jambe pliée, l’autre tendue, elle appuya son front contre son genou et se mordit les lèvres pour ne pas gémir sous les assauts de la douleur. Le mur décrépit lui grattait le dos, le sol était couvert de détritus en tous genres et il régnait en cet endroit une odeur pestilentielle. Mulder était parti en emportant la lumière avec lui et bien que Scully n’apprécie pas de rester dans le noir, avec un tel environnement, elle ne lui en blâmait pas. Si elle se concentrait, elle pouvait même percevoir le son qu’émettaient les pattes des rats qui rôdaient autour d’elle. Avec tout le sang qu’elle perdait, ils devaient être attirés par cette fragrance étrangement inhabituelle. L’artère et le fémur n’étaient pas endommagés, Scully en était presque sûre. Néanmoins, et elle n’aurait jamais cru penser cela un jour, Scully avait hâte de se retrouver dans une chambre d’hôpital, sous des draps propres, et reliée à une poche de morphine.

Le froid commença de nouveau à se faire sentir, s’insinuant en elle dû à l’absence de son manteau oublié dans la voiture. Seul son gilet pare-balle permettait de maintenir son chemisier fermé car les quatre boutons du bas manquaient à l’appel.

Des pas se firent entendre à quelques mètres, quelqu’un de pressé à en juger par la rapidité de son allure. La tension monta d’un cran pour Scully : s’il ne s’agissait pas de Mulder elle se retrouverait dans un bel embarras. Blessée, sans moyens de défense, elle était une proie facile. Accoudée sur le sol, elle patienta en silence, mordillant ses lèvres pour ne pas être trahie par sa respiration. Le soulagement l’envahit quand Mulder apparut dans l’embrasure de la porte. Il s’agenouilla près d’elle et lui fit signe de se taire en appliquant son index contre sa bouche.


« Ils approchent, je vais te porter dans l’autre pièce. » Murmura-t-il si discrètement qu’elle ne perçut qu’un mot sur deux.

Cette fois, Scully accepta son aide sans rechigner et s’accrocha à lui comme si elle avait peur qu’il la fasse tomber. Mulder resserra son étreinte pour la rassurer et, grâce à la lampe de poche qu’il tenait désormais entre ses dents, les conduisit dans une salle adjacente.

Des caisses en bois gisaient encore là, sûrement inutilisées depuis des lustres. Cela leur procurerait une petite cachette, au moins le temps que les autres équipes rappliquent.

Avec douceur et dextérité, Mulder la déposa une nouvelle fois par terre tout en maudissant ces inconnus de les obliger à vivre une telle expérience. Le fait de voir ses bras couverts du sang de Scully ne faisait rien pour arranger son état d’esprit. Agacé, il retroussa ses manches pour faire disparaître ces terribles traces qui maculaient sa chemise bleu ciel.


« Tiens, garde ça, je vais voir si je peux ouvrir la fenêtre. » Suggéra Mulder en tendant son arme à la jeune femme qui fronça les sourcils.

« Mulder, il y a des barreaux je vois mal comment on pourrait passer à travers. » Remarqua-t-elle en vérifiant le chargeur.

« Des fois que Tooms serait dans le coin, il pourrait nous filer un coup de main ? » Décocha Mulder avec un sourire et un haussement d’épaules innocents.

Tout ce qu’il souhaitait c’était s’occuper, trouver quelque chose à faire pour tenter de les sortir de ce lieu sordide. Peut-être parviendrait-il à endommager l’encadrement de la lucarne si le mur était assez ancien et friable ? Rester les bras croisés n’était pas dans ses projets et voir Scully se vider de son sang non plus.

Mulder empila plusieurs bloques et les escalada avec habileté pour atteindre son but. A peine avait-il posé les mains sur les barres de fer qu’une silhouette se fondit dans l’obscurité pour se poster derrière lui.


« Tiens, qu’est-ce que je vois là ? » S’exclama le type en pointant son arme sur Mulder.

Ce dernier fit demi-tour et manqua de tomber à la renverse. Récupérant son équilibre, Mulder descendit de son piédestal et resta immobile face à son adversaire. Il n’avait qu’une envie, c’était de tourner la tête pour s’assurer que Scully n’était pas découverte. D’un autre côté, il savait pertinemment que ce geste serait maladroit et révèlerait immédiatement la position de son amie. En aucun cas il ne comptait être responsable d’une erreur aussi impardonnable. Sa mission n’était pas compliquée, il lui suffisait de capter l’attention de cet homme et de la détourner assez longtemps pour que Scully puisse le prendre en joug. Si elle n’en trouvait pas la force, alors il n’aurait qu’à contrôler la situation jusqu’à l’arrivée des secours.
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MessageSujet: Re: Erreur d'Appréciation   Erreur d'Appréciation EmptyLun 5 Oct - 12:52

« Qu’est-ce que tu fous encore là du con ? » Questionna l’homme en s’avançant vers Mulder.

De son côté, Scully tendait l’oreille pour suivre la scène et tentait désespérément de se redresser pour que les caisses ne l’empêchent plus d’assister à la confrontation. Ramper sur le béton dur et rugueux diminuait ses forces et provoquait dans sa jambe une douleur insoutenable. Pourtant, elle n’avait pas le choix, c’était elle qui disposait de leur unique arme et la mauvaise posture de Mulder nécessitait son intervention.


« On se calme d’accord ? Je ne sais même pas qui vous êtes. » Répondit Mulder en présentant ses mains pour montrer qu’il ne comptait pas se servir de son Smith&Wesson, de toute façon déchargé.

« Alors pourquoi t’essaie de te barrer, si ça se trouve je veux juste te taper la discut’ ou te taxer une clope. » Plaisanta l’inconnu en s’approchant davantage. « Balance ton arme ! »

« Je n’ai plus de munitions. » L’avertit Mulder en se pliant néanmoins à ses instructions.

L’homme vérifia ses dires puis se débarrassa de l’arme en la jetant à l’autre bout de la pièce. Appuyée sur sa cuisse droite, Scully parvenait difficilement à discerner sa cible dans cette obscurité presque opaque. Heureusement pour elle, Mulder dirigea son faisceau de lumière sur lui et Scully l’obtint dans son champ de vision.


« Ecoutez, je ne sais même pas à quoi vous ressemblez, vous repartez d’où vous venez, moi de même et on n’en parle plus. » Proposa Mulder, se doutant bien que cela ne suffirait pas.

« Ouais c’est ça, tu te fous de ma gueule en plus ? Et puis t’es certainement pas tout seul ici. Je suis pas con, t’as un flingue et c’est pas toi qui a l’air de pisser le sang alors il est où ton coéquipier ? » Continua le dealer, ses remarques dénotant une intelligence supérieure à la normale dans ce milieu.

« Je l’ai planqué, de toute façon, il n’est pas en état de bouger alors vous ne risquez rien. Tirez-vous avant que la cavalerie n’arrive et tout ira bien. » Leur affirma Mulder.

Si ce type croyait que sa partenaire était un homme alors il ne l’en dissuaderait pas. Autant ne pas tendre le bâton pour se faire battre. L’idéal serait que Scully agisse au plus vite sans pour autant se manifester.


« J’ai une arme pointée sur vous. Lâchez ce révolver et mettez les mains en l’air. » Ordonna justement la jeune femme en priant pour que sa voix ne trahisse ni sa distance ni sa condition physique réelle.

« Putain, tu bosses avec une meuf ? J’y crois pas. » Se moqua l’homme, incrédule.

Pour ce qui était de conserver son anonymat, c’était raté pensa immédiatement Mulder avec un léger soupir.


« Tu vas pas me dire qu’elle te donne des ordres et tout ? »

« On est partenaires, on ne se donne pas d’ordre. » Rectifia Mulder en cherchant sa collègue des yeux.

Si seulement elle pouvait parvenir à se déplacer de quelques mètres, juste assez pour inquiéter leur adversaire et le mettre en position de faiblesse.


« Tu me parles autrement du con ! » Lui intima l’homme en question, braquant son arme sur son front.

Scully n’hésita pas une seconde de plus et tira sur sa cible. Son axe fut dévié à cause de sa blessure qui la lançait de plus en plus et épuisait toute son énergie. La balle ne toucha pas le type dans l’épaule comme prévu mais elle l’atteignit à l’avant-bras, ce qui eut pour effet de le faire reculer. Il tituba en vociférant insultes et injures, tenant son poignet contre son torse de manière protectrice.


« Lâche ton arme pétasse ! »

« Merde, Jack, t’en as mis du temps ! » Se plaignit leur victime quand son complice pénétra enfin la pièce pour pointer son révolver sur la tempe de Scully.

Celle-ci ne se fit pas prier, de toute façon, elle était exténuée et rien que le fait de tenir son Smith&Wesson à bout de bras devenait éreintant. L’arme s’échoua sur le sol dans un écho sourd et métallique. Le second agresseur la fit glisser jusqu’à lui avec le bout de son pied puis il s’en empara pour la caler dans la ceinture de son pantalon.


« On fait quoi maintenant ? » Fit le nouveau venu, tenant Scully en joug pour passer l’envie à Mulder de tenter quoi que ce soit pendant que son ami reprenait ses esprits.

« On les attache et on se barre. Ce sont des flics, on peut pas les tuer sinon on est dans la merde jusqu’au cou. De toute façon ils voient pas nos tronches donc on risque rien. » Raisonna le premier en regardant autour de lui au cas où d’autre policiers seraient là.

« La vache, hey, elle pisse le sang… » Souligna ‘‘Jack’’ en réalisant que la flaque dans laquelle il avait les pieds n’était pas constituée d’eau mais d’hémoglobine.

« On a dû la toucher tout à l’heure. Laisse tomber elle risque pas de nous courir après. » Ironisa le type à la main abîmée. « Choppe les menottes de cet abruti et attache-le à un conduit de gaz, j’sais pas. »

Son complice s’exécuta, faisant signe à Mulder de s’activer. Il le traîna jusqu’au coin de la pièce et enserra ses poignets sans le moindre leste. Sa lampe de poche, à présent oubliée sur le sol au beau milieu de la salle, illuminait juste assez pour que Mulder aperçoive sa collègue à quelques mètres de lui. Etendue par terre, sur le côté, sa jambe gauche recroquevillée contre elle afin d’exercer une pression sur sa blessure. La pièce était trop sombre pour qu’il puisse discerner son visage mais il devinait déjà la contracture de sa mâchoire et ses yeux clos pour lutter contre la souffrance qui se propageait inéluctablement.

« Aller, bonne nuit du con. » Fit une dernière fois son assaillant avant de disparaître complètement.

Mulder ne perdit pas une seconde et commença déjà à essayer d’attraper la clé dans sa poche.


« Scully ? Scully tu m’entends ? » L’appela Mulder, l’anxiété montait en lui quoi qu’il fasse.

« J’arrive… » Murmura-t-elle en réponse et il l’entendit ramper dans sa direction.

« Non, Scully, ne bouge surtout pas, ça va aller j’y suis presque. » Affirma Mulder en se contorsionnant.

Tout à coup, Mulder fut ébloui par une demi-douzaine de faisceaux lumineux. Les renforts qu’il avait appelés plus d’une demi heure avant firent enfin irruption sur les lieux et le sheriff local resta bouche bée face à la scène qui s’offrait à lui. Mulder, toujours à genoux parterre, leva la tête vers eux avec soulagement.


« Détachez-moi ! Vite ! » Exigea-t-il en secouant les menottes pour faire résonner le métal.

Une fois libéré de ses entraves par l’un des policiers, il s’assura que son arme gisait toujours à quelques encablures puis se retourna vers Scully. Deux agents s’étaient accroupis auprès d’elle et Mulder n’hésita pas à les bousculer pour prendre leur place.


« Laissez-lui un peu d’air. » Ordonna-t-il sèchement en se penchant sur son amie pour capter son regard.

« Mulder… » Reprocha-t-elle, l’esquisse d’un sourire au coin des lèvres.

Celui-ci se transforma vite en une grimace de douleur, ses mains exerçant une pression plus forte sur sa blessure pour contenir le sang qui s’évertuait à en couler. Autour d’eux, les hommes observaient les déboires de la jeune femme avec une touche d’admiration et de pitié, se demandant comment elle avait fait pour tenir le coup jusque là avec le trou béant qui lui barrait la jambe. Mulder passa sa main sur sa joue pour en écarter les cheveux collés à sa peau par la sueur. Malgré la semi pénombre dans laquelle ils étaient encore plongés, il percevait les tremblements qui la saisissaient par vagues successives, dénotant l’état de choc dans lequel Scully se trouvait.


« Donnez-moi votre manteau. » Intima-t-il à l’un des agents planté là, trop curieux pour réagir.

Sans un mot il s’exécuta et lui tendit le vêtement que Mulder cala autour de sa partenaire avec le plus de dextérité possible. Une fois couverte, il allait la prendre dans ses bras quand elle s’exprima de nouveau.


« Ton arme… » Balbutia-t-elle du bout des lèvres.

« Mais tu as besoin d’être toujours aussi professionnelle ? » La gronda gentiment Mulder en allant chercher le dit objet dans l’unique but de la faire taire. « Je t’emmène à l’hôpital. » Annonça-t-il sans détour. « Et pas de discussion. » Précisa-t-il avant qu’elle n’ait le temps de s’y opposer.

Il la porta encore, surpris de la trouver si légère bien qu’elle soit inerte et ne réagisse plus qu’au minimum. Sa tête reposait contre son épaule et Scully luttait avec ardeur pour garder les yeux ouverts. Etant médecin, elle savait qu’il était capital de ne pas perdre connaissance au risque de mettre sa guérison en danger. Sa main se crispa sur la chemise de Mulder, ce qui l’aidait à contenir les gémissements qui voulaient lui échapper à chaque pas qu’il effectuait. Mulder adoucit sa démarche le plus possible afin de rendre le trajet plus confortable pour sa collègue. Un jeune policier les avait suivis, pas plus âgé qu’une vingtaine d’années, c’était le seul à avoir pensé qu’ils auraient besoin d’aide pour ouvrir la portière.

Mulder le remercia d’un hochement de tête, appuyant sa joue contre le front de Scully dans une imitation de caresse. Attentionné, il plaça Scully dans le siège passager, fixa sa ceinture de sécurité et referma la portière sans jamais cesser de maintenir son regard. Il était essentiel de la surveiller et qu’il la scrute ainsi donnait l’occasion à la jeune femme de se concentrer sur quelque chose au lieu de se laisser aller au sommeil qui l’appelait de sa voix enchantée.


***


Tout s’était enchaîné à une vitesse inouïe : son arrivée aux urgences avec dans ses bras une Scully à peine consciente, sa prise en main par une équipe de médecins et désormais l’attente. Interminable. Son anxiété se décuplait à mesure que les minutes s’écoulaient. La dernière image qu’il gardait de Scully était son corps étendu sur un brancard et ses paupières vacillantes. Elle avait disparu derrière deux portes à battant puis une infirmière s’était approchée de Mulder pour lui indiquer la salle d’attente. Ainsi que les toilettes publiques pour rincer le sang de sa partenaire qui lui tâchait les mains et les avant-bras.

Son téléphone, qu’il avait finalement perdu dans sa voiture avant que le cauchemar ne commence, avait retenti à peine Mulder assis et il avait profité d’être à l’hôpital pour raccrocher au nez du sheriff. Sa patience atteignait ses limites quand un docteur vint à sa rencontre. Ôtant son calot, il serra la main de Mulder avant de se présenter.


« Bonsoir, Agent Mulder je présume ? » Demanda l’homme et devant l’acquiescement de Mulder il enchaîna. « Je suis l’interne de garde, Docteur Richards. C’est moi qui me suis occupé de votre collègue. » Indiqua-t-il tout en restant debout.

« Comment va-t-elle ? Est-ce qu’elle est réveillée ? » Le harcela immédiatement Mulder, incapable de contenir ses craintes plus longtemps.

« Elle va bien compte tenu de sa blessure, heureusement, l’artère fémorale n’a pas été touchée. Nous avons dû suturer le muscle mais elle devrait s’en remettre rapidement. Elle a eu beaucoup de chance. Vous pourrez la voir dans quelques minutes, elle se réveillait déjà de l’anesthésie quand j’ai quitté la salle d’opération. L’agent Scully risque de souffrir dans les prochains jours alors je lui ai déjà prescrit des anti-douleurs. Elle aura besoin de rééducation mais tout sera sûrement rentré dans l’ordre d’ici deux ou trois mois. » Expliqua le médecin, concis et explicite à la fois, il savait parer à toutes les éventualités.

« Merci, est-ce que je peux la voir ? » S’enquit néanmoins Mulder, il devait se rassurer.

« Je vais demander à une infirmière de vous accompagner mais n’essayez pas de la faire parler. A partir de maintenant, le repos est essentiel. » Insista le Dr. Richards sur un ton indulgent.

« Je vous remercie. » Murmura Mulder en passant sa main dans ses cheveux, il avait l’impression d’avoir perdu dix kilos en un instant.

« Emma, pourriez-vous accompagner l’Agent Mulder au chevet de l’Agent Scully s’il vous plaît ? »

« Bien docteur, vous pouvez me suivre. » Fit l’infirmière en direction de Mulder qui lui emboîta le pas sans hésiter.

En silence ils parcoururent un long couloir à l’odeur aseptisée puis la jeune femme ouvrit une porte sur sa droite.


« Je reviendrai vous chercher. » Dit-elle simplement avant de refermer derrière lui.

Immobile dans l’entrée de la pièce, Mulder ne distinguait que les jambes de Scully sous la couverture. Ses pieds s’arrêtaient à une vingtaine de centimètres du bout, lui rappelant au passage combien elle était petite. Comme ça, sans voir son visage, on aurait dit une fillette ou une adolescente tout au plus. Une personne sans défense qui ne méritait pas d’atterrir à l’hôpital tout ça parce qu’elle avait voulu faire le bien. En deux mots : son métier. L’angoisse montait en lui à chaque pas qui le rapprochait d’elle. Ensuite il découvrit ses mains, étendues le long de son corps, puis son torse où s’arrêtait le drap qui la réchauffait. Finalement, il aperçut sa bouche entrouverte par laquelle elle respirait plutôt que par le nez afin de réguler la douleur.
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MessageSujet: Re: Erreur d'Appréciation   Erreur d'Appréciation EmptyMar 13 Oct - 19:44

« Hey… » Le salua Scully en le voyant du coin de l’œil.

« Hey. » Décocha-t-il en retour.

En deux temps, trois mouvements, il était assis auprès d’elle, sa main dans la sienne et ses yeux noisette rivés sur deux océans bleutés. Les effets de l’anesthésie étaient encore décelables aussi bien dans sa voix groggy que son regard voilé.


« Je sais que tu as besoin de dormir mais je voulais te dire que j’étais là et que je vais appeler Maggie pour la tenir au courant de ton état. » S’empressa-t-il de se justifier.

« Non… Ne la réveille pas pour ça… Je l’appellerai… » Commença Scully tout en douceur, sa gorge comme du coton. « Demain matin… » Ajouta-t-elle en fermant les yeux.

« On est demain matin Scully, il est sept heures, elle doit déjà être levée telle que je la connais. » Répliqua Mulder, amusé de la trouver si troublée.

« Oh… Dis-lui que je vais bien… » Souffla-t-elle en s’endormant pour de bon, ses paupières devenues trop lourdes pour résister plus longtemps.

Mulder arbora un sourire soulagé, déposa un baiser sur le dos de sa main puis la replaça à ses côtés pour quitter la chambre. A l’extérieur, il croisa l’infirmière venue lui demander de quitter la pièce et celle-ci fut satisfaite de le voir écouter les consignes du médecin sans rechigner. Il avait besoin de prendre l’air et saisirait l’occasion pour passer quelques coups de fil, non seulement à la mère de Scully mais également à Skinner et au sheriff McCarthy afin de les informer de la situation.

***


Le jour se couchait peu à peu quand Mulder fut de retour à l’hôpital, lavé, changé, rasé de près. Madame Scully avait pris le relais au chevet de sa partenaire, insistant pour qu’il se repose au moins quelques heures. Après tout, il avait passé une nuit blanche mais ce qu’elle ne savait pas, c’était que Mulder et le sommeil faisaient deux. Il en avait profité pour faire un petit détour par le commissariat pour rendre sa déposition à McCarthy, promettant de lui apporter celle de Scully une fois qu’elle serait suffisamment remise de sa blessure.

La chance avait été de leur côté puisque le sheriff avait fait fouiller les alentours et un policier avait retrouvé l’arme de service de Scully dans une poubelle. Le malfrat qui l’avait récupérée avait probablement décidé de s’en séparer au risque d’être repéré trop facilement par le numéro de série en cas de nouvelle agression.

Mulder leur confia le révolver le temps que Scully sorte de l’hôpital, ils repasseraient le prendre à leur retour vers Washington. Connaissant Scully et sa tête de mule, tous les deux rendraient sûrement visite au commissariat d’ici la fin de la semaine. Trop pressée de rentrer chez elle et de quitter l’hôpital, quitte à mettre sa santé en danger en sortant trop tôt.

Désormais Mulder patientait en silence aux côtés de la jeune femme qui ne s’était réveillée que deux fois au cours de la journée. La première pour avaler quelques gorgées d’eau fraîche et la seconde pour réclamer une dose plus importante de morphine. Bien sûr, elle n’avait effectué cette requête en sa présence, trop fière pour montrer qu’elle souffrait.


« Paradis ou Enfer ? » Fit-elle soudainement, tournant la tête de son côté.

« Ca dépend, si je te dit que j’ai apporté une boîte de chocolats. » Répliqua Mulder, amusé.

« Oh… Enfer alors… Rien que d’y penser j’en ai la nausée… » Le railla Scully sans être trop sérieuse.

« Ca fait du bien de te retrouver Scully, tu m’as fait peur. » Se confia Mulder, la discussion revêtit une touche plus grave.

« Je suis désolée, je crois qu’on a tous les deux fait des erreurs hier soir. » Acquiesça-t-elle en caressant sa main.

« Il va falloir qu’on arrête de jouer les héros. » Continua Mulder sur la même lancée.

« Comme si on en était capables. » Rétorqua Scully d’un air complice.

Son dos était surélevé grâce à plusieurs oreillers, elle semblait plus éveillée, plus alerte. En dépit de cela, de larges cernes ornaient le dessous de ses yeux et son teint était toujours aussi pâle. Ses cheveux roux brillaient d’une couleur plus terne qu’à l’accoutumée, légèrement décoiffés ils lui donnaient une apparence presque sauvage et vulnérable à la fois.


« Est-ce que le médecin est venu te parler ? » S’enquit finalement Mulder, il voulait en savoir plus sur sa condition.

« Oui, a priori seul le muscle a été égratigné, rien de bien grave. Plus de peur que de mal sachant que la balle est ressortie sans faire plus de dégâts. » L’informa Scully, sur un ton professionnel plutôt qu’en tant que patiente.

« Dans combien de temps tu penses qu’il te laissera sortir ? » Demanda-t-il en prévoyant déjà de reposer la question au médecin pour obtenir un avis raisonnable.

« Normalement dans 10 jours mais dans aucun cas je ne resterai ici plus d’une semaine. » Certifia Scully avec une conviction inébranlable.

L’infirmière choisit cet instant pour entrer dans la chambre et demander à ce que Mulder rentre chez lui car les visites étaient terminées et elle devait changer le pansement de Scully. Ce dernier hocha la tête puis se leva pour venir déposer un baiser sur le front de son amie. Un simple geste qui signifiait une multitude de paroles imprononçables. Prends soin de toi. Je reviens vite. Ne commande pas les infirmières. A demain. Passe une bonne nuit… Ce mouvement n’appelait pas de réponse, purement un échange de regards entendus, une assurance que tout rentrerait dans l’ordre au plus tôt. Tel un aimant, il se détacha difficilement de sa partenaire, s’imaginant toutes sortes de complications qui surviendraient durant la nuit.

***


La semaine s’égrena à une lenteur insupportable. Tout comme le caractère de Scully remarqua d’ailleurs Mulder. Au bout de quatre jours, elle était parvenue à convaincre sa mère de retourner à Washington plutôt que de passer la nuit dans sa chambre d’hôtel inconfortable. Elle n’avait pas encore réussi à renvoyer Mulder mais ce n’était pas faute d’essayer. Tous les deux commençaient à agacer le personnel : à force d’expliquer aux infirmières comment réaliser un pansement efficace, celles-ci avaient tout simplement dit à Scully de se débrouiller toute seule puisqu’elles étaient si incompétentes. Lorsque la jeune femme raconta cette altercation, Mulder étouffa un petit rire moqueur, il la reconnaissait bien là. De son côté, il les avait également mises à bout de nerfs à force de se faufiler dans la chambre de son amie à toutes heures du jour ou de la nuit, invoquant son statut d’Agent Spécial pour s’attirer leurs faveurs. Ne résistant plus à son charme, et surtout à son insistance, elles avaient cédé et l’autorisaient à entrer et sortir de l’hôpital comme d’un moulin.

Au bout du compte, c’était Scully qui avait eu raison du personnel et des médecins, trop heureux de la décharger avec plusieurs jours d’avance. Ils se débarrassaient ainsi d’une patiente et d’un visiteur un peu trop gênants.

Bien entendu, il fut hors de question pour Scully de quitter les lieux autrement qu’en fauteuil roulant, politique de l’hôpital. Néanmoins, à peine fut-elle de l’autre côté des portes qu’elle harcela Mulder jusqu’à ce qu’il lui apporte une paire de béquilles.


« Dieu soit loué, je vais enfin retrouver mon lit. » S’exclama-t-elle avec délectation en se laissant tomber sur la banquette arrière du taxi.

« On doit passer au commissariat pour signer nos dépositions et récupérer ton arme. » Lui rappela Mulder à contre cœur. « A mon avis, on devrait rester à l’hôtel pour cette nuit et voyager demain, avec ta jambe ça risque de ne pas être de tout repos. » S’excusa-t-il encore sachant que son amie avait hâte de rentrer chez elle.

« Tu as raison, il est déjà tard. » Abonda-t-elle à regret.

Mulder indiqua l’adresse au conducteur et celui-ci les déposa juste en face du commissariat. Il alla même jusqu’à descendre du véhicule pour récupérer les béquilles de Scully pendant que Mulder l’aidait à se mettre debout.


« Bon courage. » Leur souhaita-t-il en se remettant derrière le volant.

« Merci, bonne soirée. » Répondit Scully en plaçant ses mains sur les deux poignées de plastique.

« Ca va aller ? » S’inquiéta Mulder en face des marches qu’ils devaient gravir pour atteindre l’entrée du bâtiment.

« Oui, c’est juste que je n’ai pas encore l’habitude de me déplacer avec, ça va venir. » Lui assura-t-elle en montant la première dalle.

Son avancée était chétive, fébrile mais Mulder connaissait sa collègue, elle n’abandonnerait pas face l’effort, quitte à s’épuiser totalement. Sa main se glissa dans son dos, le contact était plus évident, plus franc. Une manière pour Mulder de lui montrer que si jamais elle venait à faillir, il serait là pour la rattraper. Arrivée en haut, ils effectuèrent une légère pause pour qu’elle puisse reprendre son souffle puis il maintint la porte ouverte pour la laisse passer devant lui.

***


En fin d’après-midi ils avaient enfin pu rentrer à l’hôtel, leurs prises de risques justifiées auprès des autorités. La nuit tombait et Mulder se faisait du souci pour Scully. Dans le taxi qui les avait ramenés à destination, elle n’avait pas prononcé un mot, comme perdue dans un état de semi conscience. En quittant l’hôpital, ils n’avaient pas imaginé qu’ils perdraient autant de temps au commissariat et s’étaient dits qu’ils passeraient à la pharmacie sur le trajet du retour. Malheureusement, la douleur s’était réveillée avant qu’ils ne se procurent les médicaments et Scully ne le cachait pas aussi bien qu’elle ne l’imaginait.

Chacun assis à un bureau différent, ils avaient raconté une nouvelle fois et avec le plus de détails possibles les évènements de la semaine précédente. Mulder avait surpris Scully à plusieurs reprises en train de mordiller sa lèvre inférieure, sa main gauche pressant sur sa cuisse, dissimulée sous la table. Quand il était venu à sa rencontre pour lui dire qu’ils avaient terminé, elle s’était levée et avait manqué de tomber à la renverse. Sa jambe avait fléchi sous elle sans prévenir, l’obligeant à se raccrocher à son collègue pour éviter la chute. Les bras de Mulder l’avaient entourée en un clin d’œil, lui procurant un soutient inespéré. Tout doucement, il l’avait assise afin d’aller lui chercher un verre d’eau et deux comprimés d’aspirine. Ce ne serait pas assez efficace mais ce serait mieux que rien et lui permettrait de garder la face devant tous les policiers qui les observaient d’un air suspicieux.

Mulder éteignit le moteur, fit le tour de la voiture puis alla ouvrir la portière à Scully. Prêt à la porter jusqu’à sa chambre, elle l’interrompit en posant la main sur la sienne.


« Je peux marcher, ça ira. » Promit-elle en récupérant ses béquilles à l’arrière.

C’était étrange d’être témoin de sa fragilité alors qu’elle transportait un 9 millimètres à la ceinture. Cette femme était pleine de contradictions et c’étaient sûrement tous ces petits paradoxes qui le faisaient l’apprécier autant.

Heureusement pour elle, il n’y avait pas d’escaliers entre le parking et la porte de sa chambre. Mulder tourna la clé dans la serrure. Pendant qu’elle s’asseyait sur le lit, il se rendit à la salle de bain pour lui rapporter un autre verre d’eau accompagné cette fois de l’analgésique approprié.


« Je crois que tu as fait assez d’efforts pour aujourd’hui. » La sermonna gentiment Mulder en récupérant le gobelet vide.

« Tu as raison… Je sens que je vais dormir pendant trois jours. » Confirma Scully en ôtant son manteau.

« Je vais me coucher, je laisse la porte entrouverte, appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. » Annonça Mulder en s’éloignant jusqu’à la porte où il s’interrompit brusquement. « A moins que tu aies faim ? Je peux commander quelque chose ? » Suggéra-t-il en se souvenant qu’ils n’avaient rien avalé depuis le déjeuner.

« Non merci, j’ai l’estomac noué. » Déclina Scully alors qu’elle sortait son chemisier de son pantalon de tailleur.

« Bonne nuit. » Lui souhaita Mulder en disparaissant pour de bon.

***


« Mulder ? »

Ce dernier ouvrit les yeux, il s’était assoupi devant la télévision. Il portait encore ses vêtements de la journée car à peine entré dans sa chambre il s’était affalé sur le lit pour ne plus en bouger. Si bien qu’entendre la voix de son amie dans la pièce adjacente le troubla davantage. Quelle heure pouvait-il bien être ? Tournant la tête, ses yeux se posèrent sur le réveil qui indiquait dix-neuf heures treize. Il n’avait pas dormi plus d’une vingtaine de minutes. Son esprit était quelque peu embrumé mais si Scully l’appelait ce n’était certainement pas sans raison.
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MessageSujet: Re: Erreur d'Appréciation   Erreur d'Appréciation EmptyVen 16 Oct - 19:05

D’un pas titubant, il parvint à rejoindre sa chambre, laissant la porte entrouverte pour leur donner un minimum de lumière et discerner de potentiels obstacles entre l’entrée et Scully.

Cette dernière était accoudée dans son lit, une expression étrange sur le visage. Mulder comprit qu’elle souffrait et luttait de toutes ses forces pour ne pas céder à la facilité des larmes.


« Hey, Scully, est-ce que je peux t’aider ? » S’enquit-il presque penaud.

Il s’assit au bord du matelas et couvrit sa joue de sa main sans se rendre compte de l’intimité d’un tel geste.


« Est-ce que tu peux aller me chercher deux comprimés s’il te plaît, je n’arrive pas à dormir. » Se confia-t-elle, exténuée.

« J’en ai pour une seconde. » Glissa-t-il en se relavant, exerçant une légère pression sur sa main pour lui redonner du courage.

Mulder détestait la voir ainsi et il se doutait qu’elle s’en voulait d’apparaître aussi fragile à ses yeux. Si seulement il pouvait la convaincre que son seuil de résistance était bien plus élevé que le sien. Qu’il l’admirait pour cela et que cette épreuve la rendait plus vaillante que misérable.

Quand il fut de retour, elle but d’une traite le verre d’eau et les cachets qu’il lui avait rapportés avant de se laisser retomber en arrière sur son oreiller.


« Est-ce que je peux faire quoi que ce soit d’autre pour toi Scully ? N’importe quoi, même aller chercher l’un de tes pots de glace préférés à cinquante kilomètres d’ici. » Proposa-t-il pour détendre l’atmosphère.

« Je n’ai pas de glace préférée Mulder. » Maugréa-t-elle en recourbant son bras sur sa figure.

« Ah oui ? Et ces pots d’Häagen-Dazs chocolat nougat que j’ai vus plein de fois dans ton frigo, ce sont juste des objets décoratifs ? » Questionna-t-il avec une légère marque d’outrance.

« Humm… » Acquiesça-t-elle doucement, les médicaments commençaient à faire de l’effet.

« S’il te plaît Scully, n’importe quoi… Tu sais que ça m’agace de rester les bras croisés pendant que tu es là à… »

« A ? » Fit-elle, curieuse de savoir ce qui trottait dans son esprit.

« A faire comme si tu ne souffrais pas. » Avoua-t-il, son regard posé sur elle, insistant, pénétrant, comme s’il l’exhortait à cracher sa vérité.

« Il y a bien quelque chose mais je ne veux rien t’imposer Mulder. » Se risqua-t-elle fébrilement, refusant de lever la tête et triturant sans relâche le pli du drap.

« Ce que tu veux. » L’encouragea-t-il avec attention.

« Est-ce que tu peux rester ici cette nuit ? » Demanda-t-elle en s’empressant de poursuivre sur sa lancée. « Tu pourrais regarder la télé et juste t’asseoir ici, au cas où j’aurais encore besoin de calmants ou d’un verre d’eau. » Suggéra-t-elle pour tourner autour du pot aussi longtemps que possible.

« Bien sûr, je serais plus rassuré de pouvoir surveiller ton état, le docteur Richards m’a dit de garder un œil sur toi de toute façon. » Affirma-t-il pour la conforter dans l’idée que seul son bien-être physique leur importait à tous les deux.

Pour conclure la conversation, Mulder alla se changer et retourna à la chambre de Scully en tee-shirt et bas de pyjama. Il effectua un détour par la télévision pour récupérer la télécommande puis se glissa sous les couvertures. Tout près de lui, Scully somnolait légèrement, pourtant consciente de la présence masculine à ses côtés. Elle se doutait bien que Mulder comprenait le sens réel de sa sollicitation et bien qu’elle ait eu à réclamer sa présence, il ne l’avait pas embarrassée. Scully s’était attendue à une remarque ou un commentaire, même innocent ou sarcastique. Quelque chose pour souligner l’incongruité de sa requête, mais il n’en fut rien. Soulagée de ne pas avoir à se justifier, touchée par son geste, Scully s’endormit en quelques secondes, bercée par le son de la télévision ainsi que la respiration de son ami couché auprès d’elle.


***


« Mulder !! »

« Hey, calme-toi, tout va bien, ce n’était qu’un cauchemar. » L’apaisa immédiatement Mulder en se tournant vers elle.

Scully s’était assise dans le lit, le front en sueur, le souffle saccadé. Malgré la chaleur qu’elle éprouvait, la chair de poule recouvrait sa peau, du cou jusqu’aux bouts des doigts. Sa jambe blessée étant ankylosée, elle ne parvenait plus à remuer le pied et cette sensation l’inquiéta davantage encore. Dès qu’elle clignait des yeux, elle avait l’impression qu’une nouvelle balle allait lui perforer la cuisse et ce n’était pas dans ses habitudes de rester éveillée à cause d’un mauvais rêve.

La main de Mulder sur son épaule la ramena à la réalité et Scully se rallongea aussi vite qu’elle s’était redressée.


« Tu veux en parler ou mieux vaut-il que je me taise ? » Se risqua-t-il finement, prenant appui sur un coude.

La pénombre noyait la chambre de sa noirceur austère, Scully frissonna un instant et tendit le bras pour allumer la lumière. Le fait de voir par elle-même qu’ils étaient les seuls occupants de la pièce la rassurerait suffisamment pour retrouver le sommeil. Cependant, elle hésita, que penserait Mulder ? Après tout, elle avait passé l’âge de croire aux monstres cachés sous le lit.

Mulder décida pour elle, sa lampe de chevet illuminant la chambre d’un halo jaunâtre. Scully ne put s’empêcher de balayer les lieux du regard, souriant bêtement quant à sa sottise passagère.

Il rejeta les draps et sortit du lit pour en faire le tour et disparaître dans la salle de bain. Scully n’eut pas le temps de lui demander ce qu’il faisait que déjà Mulder lui rapportait un nouveau verre d’eau.


« Merci. » Murmura-t-elle en portant à ses lèvres. « Je suis désolée de t’avoir réveillé. » Fit-elle ensuite en le reposant.

« J’ai aussi fait des cauchemars quand on m’a tiré dessus. » Amorça-t-il avec compassion.

« J’entends sans arrêt ce bruit sourd, le claquement de l’arme, suivi de cette douleur indescriptible. » Continua-t-elle sur la voie entrouverte.

« Ca fait ça à chaque fois, la sensation est toujours la même, que l’on reçoive la balle dans la cuisse ou… »

« Dans l’épaule. » L’interrompit Scully, coupable. « Est-ce que tu as fait des cauchemars à cause de moi Mulder ? Seigneur, je ne sais pas comment tu as fait pour recommencer à travailler avec moi sans avoir peur qu’à tout moment je m’en prenne de nouveau à toi. » Se confia-t-elle avec une pointe d’admiration.

Mulder fit une seconde fois le tour du lit pour se mettre sous le drap et croiser les bras sur son torse. Un silence les entoura quelques instants avant qu’il ne reprenne la parole.


« Tu sais, quand tu m’as tiré dessus, je n’ai pas compris sur le coup mais une fois que j’ai réalisé la portée de ton geste… Je crois que le fait de t’avoir pardonnée m’a permis, justement, d’éviter de ressasser. » Admit-il sincèrement.

Cette expérience avait été traumatisante pour elle aussi et Scully regrettait toujours d’avoir dû prendre de telle mesures pour le protéger d’un procès infondé. Il avait dû faire preuve d’un immense courage pour s’en remettre à elle et ne pas lui en vouloir.


« J’espère que tu ne t’attends pas à ce que j’aille accorder mon pardon à ce type dans l’unique but de soulager ma conscience ? » Répliqua Scully avec légèreté.

« Non, ne t’inquiète pas Scully, si on le retrouve je me ferai une joie de lui perforer deux ou trois organes vitaux. » Décocha Mulder en retour. « Je disais simplement ça pour te montrer que les deux situations n’avaient rien en commun. Dans quelques jours tu dormiras paisiblement, en attendant, sache que je suis là et peu importe combien d’impact de balle tu entends dans ta jolie caboche… » Fit-il en caressant son front de l’index. « Je suis là quand tu te réveilles pour te montrer qu’on n’est que tous les deux ici, en sécurité. » Termina-t-il gentiment.

« Merci Mulder. » Répondit Scully en trouvant sa main sous les draps pour entremêler leurs doigts.

« Dors, je sais que tu en es capable. »

***


Scully avait terminé sa nuit sans la moindre interruption. Le son qui la réveilla en douceur ressemblait à un bourdonnement plutôt lointain, difficile à discerner. Un bâillement lui échappa : cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas sentie si reposée. Intriguée, elle jeta un coup d’œil au réveil sur la table de nuit et faillit bondir en découvrant qu’il était déjà dix-heures et demi. Pas étonnant qu’elle n’émerge pas si facilement.


« Mulder ? » Appela-t-elle, ayant depuis reconnu le son familier de son rasoir électrique.

Il apparut devant elle, uniquement vêtu d’une serviette autour de la taille, son rasoir effectivement en main et un sourire sur les lèvres.


« Bien dormi ? » Lança-t-il de bonne humeur.

« Trop. » Articula-t-elle en se frottant le visage.

« Quoi ? Trop bien dormi ou trop dormi tout court ? » Questionna-t-il, amusé de la voir si embuée, les cheveux décoiffés et une ligne de l’oreiller incrustée dans la joue droite.

La pauvre n’avait pas beaucoup de choix pour s’allonger, soit c’était sur le dos, soit sur le côté droit pour surélever sa jambe invalide et ne pas exercer de pression sur sa blessure.


« Les deux. Je crois que je n’ai pas dormi aussi tard depuis le lycée Mulder. Tu as mis quelque chose dans mon eau hier soir ou… »

« Ahah, je tiens à ma vie donc je m’abstiendrai de répondre à ça. » Fit-il en s’asseyant sur le bord du matelas.

Il ne put se retenir de tendre la main vers elle pour replacer une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille. Sa paume en profita pour frôler sa joue marquée par une nuit tout compte fait relaxante. Scully inclina la tête pour prolonger le contact, les yeux dans le vague elle peinait à faire la différence entre ses rêves et la réalité. Etait-elle réveillée ou encore perdue dans un songe perpétuel ? Certains semblaient si vivants qu’il devenait impossible de les comprendre ou de les interpréter. Ses paupières se scellèrent et Scully eut l’impression de tenir en équilibre sur un fil, incapable de rester statique. Sa nuque se baladait de gauche à droite, molle, flexible… Elle se rattrapa aux épaules de Mulder, la seule certitude récurrente de ses fantasmagories.


« Mes anesthésiques sont plus puissants que je le ne pensais. » Murmura-t-elle en sentant son souffle chaud se rapprocher.

Revigorée elle leva la tête vers lui, plongeant on regard dans le sien avant d’encadrer à son tour son visage de deux mains tremblantes. Ses pouces allaient et venaient sur sa peau, comme pour s’accorder un ultime délai.
Puis une fois la décision prise, Scully l’attira à elle et l’embrassa avec simplicité et délicatesse. Heureuse de pouvoir enfin goûter à ses lèvres, de respirer la moiteur de son corps. Encore plus quand Mulder répondit à son baiser, resserrant son étreinte autour d’elle, plaquant sa poitrine contre son torse.


« Au moins maintenant on n’aura plus de regret si l’un de nous venait à… » Marmonna Scully en sentant Mulder refugier sa bouche dans le creux de son cou.

Sa main apparut de nulle part et vint s’apposer à ses lèvres pour la faire taire.


« Tu peux le penser mais ne le dis pas. » La supplia-t-il presque en l’enlaçant de plus belle.

Scully était vivante et en relative bonne santé, elle s’en remettrait et c’était tout ce qui comptait à ses yeux pour le moment.

Les mains de la jeune femme se perdirent dans les cheveux de son ami, l’apaisant progressivement, calmement…

FIN
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