- Très bien j’arrive.
Il raccrocha, referma le dossier et quitta le bureau. Une nouvelle affaire était arrivée ce vendredi matin au sous-sol du FBI de Washington. Sa collègue l’avait quittée vers 18 heures après une journée chargée. Sa montre indiquait 20H10. Elle venait de raccrocher son portable en soupirant. Elle attendait l’arrivé de Mulder chez elle. Des nouvelles informations au dossier signifiaient un nouveau week-end ruiné. Il monta les marches tranquillement. Plus il avançait plus il entendait des bruis sourds. Une fois devant chez elle, il frappa. Une fois. Deux fois. Il tendit l’oreille contre la porte en bois. Ce qu’il entendit derrière le surpris. Il connaissait ces mots pour les utiliser fréquemment mais lui étaient inconnus dans la bouche de sa partenaire. Sans nouvelles, il entra avec le double de ses clefs. En même temps qu’il poussait la porte, il l’appela, un autre bruit métallique suivi d’un gémissement résonna. Il traversa l’appartement, main droite prête à dégainer son arme. Il poussa doucement la porte de la salle de bain.
- Scully est ce que ça …
- Mulder ne marche pas là !!
Trop tard. Il baissa les yeux pour observer ses chaussures baigner dans l’eau moussante de couleur marron. Il releva la tête doucement prenant l’expression d’un enfant qui venait de commettre une bêtise. Il fit demi tour et laissa Scully continuer de nettoyer. A sa surprise, elle le vit revenir. Chemise repliée au niveau des manches, cravate retirée, arme et étuis aussi.
- Tu veux que je regarde ?
- Mulder, la dernière fois que je t’ai vu toucher une tuyauterie, tu as traversé le parquet et tu t’es retrouvé un étage plus bas.
- Certes …
- C’est la machine à laver qui vient de me lâcher et en pleine lessive. Je n’ai rien d’autre à faire que d’en racheter une. Mais pour le moment je dois aller à la laverie, j’ai rien mangé et je suis énervée alors l’enquête on en reparle demain si tu veux bien.
- J’ai mieux. Je t’accompagne à la laverie, on discute le temps que ta machine se fasse, on remonte, on commande une bonne pizza et demain je t’accompagne acheter ta machine et je ne t’embête plus du week-end.
Il la questionna du regard pensant qu’elle allait refuser son offre.
- Ne fait pas de promesse que tu ne tiendras pas.
- Du genre ?
- On a une affaire sur les bras donc un week-end en l’air encore une fois.
- J’ai juste besoin de ton avis sur les autopsies de cette après midi. Promis le reste je le fais seul.
- Bien.
Satisfait tous les deux, ils finirent de nettoyer et descendirent à la laverie située dans une rue perpendiculaire de la rue principale. La nuit n’allait pas tarder à tomber. Cette soirée de septembre affichait une vingtaine de degrés. Panier en main, elle entra précédé de près par son ami. Quatre personnes attendaient que leurs machines se finissent. Quatre femmes qui dévisagèrent Mulder. Seul homme dans cette pièce. Tout en discutant de l’enquête, Scully enfourna son linge trempé dans un des appareils.
- Ecoute Mulder j’ai passé cinq heures à faire ces autopsies, j’ai mal au dos, l’odeur de sang dans les narines. J’ai retourné les corps dans tous les sens si j’avais trouvé quelque chose je te l’aurais dit non ?
Elle avait parlé plus haut que prévu s’attirant les regards dégoûtés. Ils se plongèrent dans un silence. Les moteurs qui ronronnaient lui donnaient mal au crâne. La tête contre le mur, assise sur une chaise en plastique, elle se massa les tempes et ferma les yeux. Un claquement la ramena à la réalité. Elle cligna des paupières pour se retrouver dans un noir complet. Seul le panneau SORTIE émettait une lumière verdâtre. Elle s’était endormie.
- Mulder ?
- Scully ?
- C’était quoi ce bruit ? Ne me dit pas que …
- Coupure de courant …
A tâtons, elle s’approcha de la vitre pour regarder dehors. Elle senti Mulder s’approcher dans son dos. Le mur de l’immeuble leur barrait la vue face à eux mais vers la gauche ils pouvaient voir la rue principale. Une rue plongée dans le noir. Une coupure générale de la ville venait de se produire. Et ils étaient coincés. Seuls. Elle essaya d’ouvrir la porte mais étant automatique, elle n’y arriva pas. Elle s’énerva.
- Il ne manquait plus que ça !!
- J’ai une mauvaise nouvelle.
- Quoi ?
- T’as machine n’était pas terminée … Donc la machine c’est arrêté en cours de route …
- Forcément …
Elle soupira. Attendre était ce qu’ils pouvaient faire de mieux. Elle s’assit sur le rebord de la vitre. Elle le chercha du regard. Mais la pièce était trop sombre pour distinguer quelqu’un à plus d’un mètre. Le silence régnait depuis quelques minutes.
- A quoi tu penses ?
- Qui te fais croire que je pense ?
- Mulder !
- A ce qu’on a vécu depuis sept ans.
Aucuns des deux ne bougèrent. Aucuns mouvements. Aucuns sons. 5, 20, peut être 40 minutes sans une parole. Le silence ne les gênait pas. Ils ne leur suffisaient pas de parler pour se sentir à l’aise ensemble. Mais elle se leva. Ses jambes s’engourdissaient. Elle fit les cents pas devant la grande vitre. Aucun signe de l’extérieur. Des curieux se retrouvaient dehors pour discuter. Les voitures roulaient au pas. La ville s’emblait s’être ralentit. Elle se retourna, scrutant le fond de la pièce.
- Tu crois que ça va durer longtemps ?
- Question à 100 000 points Agent Scully.
Elle soupira une nouvelle fois.
- Tu sais si tu t’ennuies, on peut en faire des choses dans une laverie plongée dans le noir.
- Mulder ne prend pas tes rêves pour des réalités !
- Je suis choqué ! Je ne pensais juste qu’à discuter …
Il afficha un sourire, satisfait de sa réponse. Un autre silence s’installa mais il fut vite brisé par le bruit d’un estomac criant famine. Elle posa sa main discrètement sur son ventre pour atténuer la douleur et le bruit. Elle le vit se diriger vers le distributeur. Il le secoua avec force et réussit à faire tomber quelques barres chocolatées et une canette de coca. Il lui tendit et se rassit face à elle toujours en hauteur sur une machine. Elle le remercia.
- Scully je me demandais …
- Quoi ?
- Qui a sauvé la vie de l’autre le plus souvent ?
- Mulder c’est quoi cette question ?
- Je sais pas … Je pensais à tout ce qu’on a vécu et …
- Et ce n’est pas un concours. Tu crois que je passe mes nuits à compter ?
- Je ne sais pas … Raconte moi !
- Fait aller ton imagination …
- Scully ne me tente pas !
- Comme si tu avais besoin de moi pour …
Elle regretta aussitôt sa phrase et laissa un silence gênant s’installer.